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    En Grèce, le camp d’exilé.e.s de Moria en cendres

    Symbole de la dite “crise migratoire”, le camp de Moria n’est plus. Le plus grand hotspot d’exilé.e.s de l’Union européenne, a été ravagé par les flammes ce mercredi 9 septembre au matin. Laissant plus de 12.700 personnes sans abri, ni ressources. L’état d’urgence a été déclaré sur l’ensemble de l’île de Lesbos, par Stelios Petsas le porte-parole du gouvernement grec. Si Bruxelles a annoncé le transfert immédiat de 400 enfants vers la Grèce continentale, quid de tous les autres ? Depuis des années, ONG et associations alertent inlassablement sur les conditions sanitaires et sécuritaires du camp. Une inquiétude renforcée par la survenue de la pandémie du covid-19 au printemps dernier.

    Ce mercredi 9 septembre, un violent incendie s’est déclaré au petit matin dans le camp de réfugié.e.s de Moria sur l’île de Lesbos, en Grèce. Les flammes ont ravagé 99% de la superficie du camp, annoncent les autorités, laissant les personnes exilées sans ressources ni abri. La grande majorité a vu son “habitat”, ainsi que ses effets personnels disparaître dans les flammes.

    Selon Estelle Jean, fondatrice de l’association Yoga and Sport For Refugees, présente sur place, les milliers de personnes évacuées par les forces de l’ordre et les pompiers errent désormais sur l’île. Certaines se sont regroupées dans les montagnes et les forêts à proximité, tandis que d’autres tentent de se reposer sur le bord des routes.

    Etat des lieux

    « Les gens sont désespérés et appellent à l’aide », abonde Estelle. Et de déplorer : « toutes les routes sont bloquées par des barrages policiers rendant impossible la mobilisation des associations sur place ». Estelle et les bénévoles de son association sportive tentent de trouver des solutions, et notamment de réhabiliter leur gymnase, afin d’accueillir les personnes considérées comme les plus vulnérables en période de crise sanitaire.

    Mais, pour agir en toute légalité, l’accord des autorités grecques est indispensable. Pour l’instant, aucun feu vert n’a été donné.

    De plus, Estelle rapporte que les habitants de l’île bloquent l’accès des villages par peur de l’arrivée soudaine de milliers de personnes, redoutant qu’ils n’apportent avec eux le covid. Cette crainte fait écho à la déclaration du gouvernement grec plus tôt dans la journée, affirmant que 35 cas positifs ont été découverts parmi les exilé.e.s.

    Quant à l’origine du départ du feu, s’il est trop tôt pour en déterminer la cause, les spéculations vont tout de même bon train. Conséquence du surpeuplement, prolongement d’un confinement à six reprises poussant des réfugié.e.s à agir, par désespoir, en réponse à l’inaction des gouvernements européens, ou encore attaque fasciste…

    Moria, un camp insalubre, saturé et dangereux

    Ce n’est pas la première fois qu’un tel événement arrive dans les enceintes du hotspot. Déjà en septembre 2019, plusieurs personnes avaient trouvé la mort dans un incendie. Quant à celui survenu ce matin, aucun décès n’est à déclarer, préviennent les autorités.

    Depuis des années, le camp de Moria est régulièrement critiqué par les ONG, pour sa surpopulation (13 000 personnes entassées dans un espace pouvant en accueillir 3000), son insécurité et son insalubrité.

    L’an dernier, en octobre 2019, nous avions diffusé ce témoignage de Joseph Kana, un jeune congolais récemment arrivé sur l’île de Lesbos. Il avait lancé un vibrant cri d’alerte aux autorités et aux citoyens européens pour les forcer à voir le « vrai visage de Moria », celui qui « déshumanise ». Il réclamait que Moria soit évacué.

    « Vous voulez qu’on reste calme, alors que l’on vit dans des conditions de merde ?». Pour Joseph Kana, un jeune congolais, le camp de Moria marque le « début de l’enfer ». Insalubrité, insécurité, déshumanisation… il lance un cri d’alerte aux autorités et aux citoyens européens pour voir le « vrai visage de Moria ».

    Aujourd’hui, les réactions indignées de dirigeants associatifs se succèdent, à l’instar en France de Cécile Duflot, actuelle directrice générale d’Oxfam. L’ex-ministre abonde sur Twitter : « Mais combien sommes nous à avoir alerté !!!!!! La dévastation le dispute à la colère ».

    Ou encore de Najat Vallaud-Belkacem, directrice France de l’ONG One, qui épingle sur le même réseau social l’inaction de l’Union européenne : « Europe réveille-toi, hors une juste répartition de ces réfugiés et une humaine protection, pas de salut. Pour aucun de nous ».

    Quel avenir ?

    Pour les ONG et les associations d’aide aux exilé.e.s présentes sur place, à l’instar de celle d’Estelle Jean, « une reconstruction intégrale du camp n’est ni envisageable ni souhaitable ».

    Si Bruxelles, via Ylva Johansson, sa commissaire aux affaires intérieures, dit avoir donner son accord pour la mise en sécurité de 400 enfants, en les transférant en Grèce continentale ; quid des 12 300 personnes restantes ?

    La capitaine allemande, Carola Rackete, qui officiait anciennement sur le Sea-Watch, puis désormais sur Louise Michel, exhorte Bruxelles à relocaliser les personnes réfugiées, rappelant que de nombreuses villes ont déjà fait savoir qu’elles voulaient accueillir.

    En parallèle, la solidarité internationale se met doucement en place. A Athènes, des réunions s’organisent afin d’impulser des initiatives humanitaires et transnationales, nous font savoir des groupes de militants. A Berlin, une manifestation est prévue en fin de journée afin d’appeler les gouvernements à agir et prendre leurs responsabilités.

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