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    Les vacances d’été sont aussi « importantes que se nourrir ou se loger »

    Chaque année, un enfant sur trois ne part pas en vacances. Les possibilités de découvrir d'autres horizons et de nouvelles activités se retrouvent encore réduites pour les jeunes en situation d'exil. Zoom sur les dispositifs mis en place par des associations pour « les premières vacances d'une vie ».

    « Les jolies colonies de vacances

    Merci maman, merci papa

    Tous les ans, je voudrais que ça r’commence

    You kaïdi aïdi aïda ».

    Les vacances d’été restent une institution dans l’Hexagone. Mais, pour une partie de la population, notamment les exilés et les plus précaires, ce temps de répit et d’évasion n’est pas un horizon. Et pourtant, « ils ont besoin de vacances comme tout le monde », soupire Espérance Minart, présidente de l’association Timmy, qui soutient et accompagne les mineurs non accompagnés (MNA) en région parisienne. 

    « Je suis super excité à l’idée de partir ! Ce sont mes premières vacances »

    Chaque année depuis trois ans, la petite association met tout en place pour offrir à des jeunes, qui ne sont jamais partis, une semaine de vacances. C’est ainsi que ce 23 juillet, ils sont entre 40 et 50 adolescents, originaires d’Afrique subsaharienne à plier bagage. Direction la Dordogne (Nouvelle-Aquitaine). « Au programme, des activités dans le lac et sur terre : baignade, paddle (sport de glisse, pratiqué à l’aide d’une planche et d’une pagaie), accrobranche… C’est exactement comme une colonie de vacances, sauf qu’ils n’ont rien à prendre en charge », précise Espérance Minart. 

    « Je suis super excité à l’idée de partir ! Ce sont mes premières vacances », frétille Mamadou, 17 ans. Le sourire aux lèvres, la voix légère, l’adolescent ne peut plus attendre. Après une année scolaire et une période de stage, Mamadou est enfin en congé et se languit de ce temps loin de la capitale. « C’est très important, on va pouvoir se vider la tête, j’ai hâte de me baigner, de prendre le temps de discuter avec mes copains », partage-t-il.

    « L’été est une saison où les jeunes sont très seuls »

    Les vacanciers ont entre 14 et 20 ans et ne jouissent pas d’une adolescence sereine. « Ils ont subi beaucoup de stress durant l’année scolaire en raison de toutes les démarches administratives qu’ils doivent effectuer. Pourtant, c’est souvent l’été qu’ils appréhendent le plus : ils n’ont plus école pour ceux qui y vont, les associations prennent des pauses… L’été est une saison où les jeunes sont très seuls », reprend Espérance Minart.

    Majeur depuis peu, Mory se souvient avec nostalgie de ses vacances avec l’association l’an passé. « Avant de monter dans le bus, j’avais des problèmes administratifs. Ça me prenait beaucoup la tête. J’ai tout laissé à Paris, je n’y pensais plus pendant cette semaine-là. Et, ça m’a fait un bien fou », confie-t-il. 

    Une sortie kayak au programme des vacances de la Timmy. © Timmy / 2021

    « Les vacances, c’est aussi important que se nourrir ou se loger »

    Au lac ou à la plage, les jeunes suivis par la Timmy ne seront pas les seuls à profiter de cet été pour s’évader. C’est aussi le dessein du Secours populaire français, qui depuis 1945 organise des vacances pour les plus démunis. 

    Secrétaire national de l’association, Jean Stellittano insiste : « les vacances, c’est aussi important que se nourrir ou se loger. C’est important pour l’équilibre des personnes. Et, encore plus quand on vit dans des quartiers difficiles ».

    « On met dans la mémoire [des enfants] quelque chose d’important », ajoute-t-il.

    En 2021, ce sont près de 204 000 personnes qui ont bénéficié des différents dispositifs mis en place par le Secours populaire à travers les différentes unités locales : séjours d’une semaine, journées pour « les oubliés des vacances » à la plage, au parc d’attraction, ou encore dans des centres de vacances. 

    Le dispositif « familles d’accueil vacances » est l’un d’entre eux. Il permet aux enfants de partir avec une famille pendant une semaine ou deux, favorisant ainsi les échanges entre les différents milieux sociaux. « Sur la Côte d’Azur, un couple de retraités de l’enseignement a par exemple reçu deux MNA pendant dix jours. Ce n’était pas facile, mais cela a été riche pour les deux côtés », se souvient Jean Stellittano.

    Et le secrétaire de l’association de préciser que les séjours sont adaptés à la situation personnelle des vacanciers. Pour les personnes sous obligation de quitter le territoire (OQTF), le Secours populaire dit être particulièrement précautionneux. « On évite de les exposer, de les mettre dans des positions inconfortables en les envoyant dans des centres de vacances très proches de leur lieu de résidence », précise Jean Stellittano. 

    Financer les vacances grâce aux dons

    Et pour ceux qui ne partent pas, les ONG proposent des activités estivales. Du côté de la Haute-Loire par exemple, à Saint-Beauzire, l’association La Loco s’active auprès du Cada (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile) de la même commune tout au long de l’année. Cet été, elle a mis en place une projection de films réalisés par des personnes réfugiées, avec l’aide de Soleil Devant, une autre association. S’en suit un pique-nique, qui entend fédérer et créer des liens entre enfants.

    Des familles se portent également volontaires pour accueillir sporadiquement des résidents du Cada chez elles. « Cela leur permet de mieux parler français, ils découvrent la vie en France et la vie de famille », avance Didier Luce, président de La Loco. 

    Grâce aux dons, aux initiatives locales et au mécénat d’entreprises – le coût d’une semaine en colonie, par exemple, revenant en moyenne à 500 euros par jeune -, le Secours populaire réussit à offrir à ces personnes un moment de détente. Pour une association telle que La Loco, l’engagement des bénévoles est d’autant plus important : il leur permet de lever des fonds via la vente de petites maroquineries fabriquées par les bénévoles et anciens habitants du CADA. « [Les anciens du Cada], qui ont connu ces expériences continuent d’être engagés », rapporte ainsi Didier Luce.

    Pour la colonie de la Timmy, les vacances sont en partie financées par Solidarité Laïque, collectif qui réunit 50 organisations liées au monde enseignant. Ils prennent en charge « une grande partie des frais d’hébergement et de pension complète, des repas cuisinés sur place avec des produits locaux et on se charge du reste », explique Espérance Minart. Comptant sur le don des particuliers, l’association a, par ailleurs, mis en place une cagnotte sur le site HelloAsso et organise également une collecte de jeux de société, de jeux de plage et de serviettes pour les futurs vacanciers.

    A l’été 2021, trois amis avaient décidé de lever des fonds pour envoyer les jeunes de la Timmy en vacances grâce à un voyage de 1 200 kilomètres en vélo, entre les Pays-Bas et la France. Avec « Biking with Timmy », ils avaient collecté plus de 1 500 euros en 16 jours par leur présence sur les réseaux sociaux. 

    En faisant sa valise, Mamadou dit son impatience de se créer de nouveaux souvenirs. « Comme mes amis qui sont partis en 2021 », sourit-il. De son côté, Mory va se replonger dans son séjour de l’année dernière, nostalgique. « J’ai demandé à la Timmy si je pouvais repartir cette année, ils m’ont dit qu’ils donnaient la priorité à ceux qui n’étaient jamais partis », soupire-t-il. 

    Photographie à la Une : « Journée des oubliés des vacances » à Cabourg 2021 © Lisa Miquet / SPF

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