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    Toutes aux frontières : une action féministe transnationale pour une Europe sans barrières

    Elles viennent de France, d’Italie, de Suisse, de Belgique, d’Espagne, des Pays-Bas ou encore d’Allemagne. Ce 5 juin, elles ont porté leurs idéaux haut et fort depuis la place Masséna à Nice (Alpes-Maritimes). Pourquoi Nice ? Parce que c’est la ville où « ce qu’il se passe aux frontières est décidé », plaide Marianne Ebel, membre de la marche mondiale des femmes en Suisse, co-organisatrice du rassemblement.

    Justine Segui et Sidney Cadot-Sambosi


    Rendre visibles les femmes et les personnes LGBTQI+ issues de l’immigration. C’est le dessein de l’opération Toutes aux frontières.

    Selon les Nations Unies, 48% des personnes migrantes dans le monde en 2019 sont des femmes. Pourtant, elles sont remarquablement absentes du récit médiatique, pointent les études telles celle du Conseil de l’Europe en 2017.

    « Construire une Europe sans murailles »

    Pour Marianne Ebel, militante suissesse, il est urgent que les citoyens européens comprennent ainsi « les violences que beaucoup d’entre elles subissent dans leur pays d’origine, comme sur la route de l’exil ou même dans leur pays d’accueil ». Parmi les violences dénoncées, figurent les violences sexistes et sexuelles, la traite humaine ou encore la mutilation génitale.

    Les collectifs présents en ce jour ensoleillé se réunissent aussi pour « construire une Europe sans muraille », comme le réclame Pinar Selek, sociologue et écrivaine franco-turque, instigatrice de ce rassemblement.

    Avant de poursuivre : « on ne voulait pas parler au nom des exilés, mais en tant qu’habitants de l’Europe. Nous ne voulons pas de ces politiques et nous ne sommes pas complices ».

    Et de se réjouir que les premières concernées, les femmes en exil, occupent une place prépondérante dans ce rassemblement. « En fin de compte, elles ont été très présentes, c’est elles qui ont parlé au nom des mouvements féministes européens », insiste la sociologue.

    « Cela fait plaisir de voir que le combat est toujours mené »

    Avant de battre le pavé dans les rues de la ville azuréenne, les manifestant.e.s se sont retrouvé.e. s dès 11 heures pour participer à un atelier de fabrication de cerf-volants (symbole évocateur du rassemblement) et à un autre de peinture sur fresque. L’occasion aussi de s’informer plus en détail sur la cause ou encore d’acheter des livres en lien avec les thématiques abordées par le mouvement.

    À 13h30, le cortège a commencé à avancer, mais seulement après un temps fort où la foule a chanté en chœur. Pour Pinar Selek, marcher ne suffisait pas : « Comme c’était une mobilisation féministe transnationale, on a décidé d’utiliser plusieurs moyens de communication : la musique, la danse, des performances, des discours, des poésies etc ».

    Environ 5 000 personnes, venues de toute l’Europe, se seraient déplacées à Nice pour l’occasion, selon les organisatrices. Mais pour Selek comme pour Ebel, le nombre importe peu. Elles se réjouissent plutôt d’avoir réussi à porter cet engagement tout au long de la journée. « C’était une action magique et toutes les personnes qui ont participé nous ont envoyé des messages en nous disant qu’il n’oublieront jamais ce jour », raconte l’écrivaine.

    Une foule diverse et intergénérationnelle. C’est ce qui a marqué Marianne Ebel. La septuagénaire constate que la relève est présente : « ce qui m’a frappé, c’est cet engagement fort des jeunes, ça fait 50 ans que je suis dans la rue pour les droits des femmes et ça fait plaisir de voir que le combat est toujours mené ».

    D’une idée née en colloque à Genève…

    L’idée de Toutes aux frontières naît à Genève fin 2019, lors d’une rencontre « Femmes-Migration-Refuge », qui avait pour dessein de donner corps à un réseau européen et de consolider la solidarité entre femmes migrantes et femmes engagées. Au bout de trois jours de discussion, l’idée émerge : « nous avons décidé de porter une action collective. On s’est dit que les féministes en Europe ne s’étaient jamais mobilisés ensemble pour réaliser une action contre les politiques migratoires », se souvient Pinar Selek.

    Initialement, la mobilisation devait se tenir à la frontière italo-française, entre Vintimille et Menton, pour durer trois jours. Un projet avorté par les organisatrices, car peu réalisable. « On a constaté que les frontières étaient très militarisées et après plusieurs discussions, on a décidé de mener cette action à Nice », explique la militante.

    … au désir de l’inscrire dans la postérité

    La marche de Nice n’était qu’une première étape, expliquent les organisatrices. « Le marathon va continuer », insiste Pinar Selek. Pour renforcer leur visibilité, les mouvements féministes européens -comme Nous Toutes ou la Marche des femmes- travaillent à l’écriture d’une pétition. « On essaie de rallier les grandes organisations à notre cause pour avoir des millions de signatures, pour à la fin, l’envoyer aux États, à l’Europe et aux Nations Unis », abonde la sociologue. SI elles sont déjà épaulées par certains collectifs féministes, elles entendent bien ratisser plus largement en « ralliant des grandes organisations comme Amnesty international ou la Ligue des droits de l’Homme », ajoute Marianne Ebel.

    Parmi leurs revendications, figurent une meilleure protection pour toutes les femmes, filles et personnes LGBTQI+ exilées. Mais aussi, le respect de la convention d’Istanbul, signée en 2011 par le Conseil de l’Europe, pour reconnaître « la violence à l’égard des femmes et des filles fondée sur le genre comme une forme de persécution et comme une forme de préjudice grave donnant lieu à une protection ».

    Une convention qui appelle ainsi à la criminalisation de toutes les formes de violence sexiste, alors que durant les confinements les violences domestiques, notamment, ont redoublé.

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