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    «Il n’y a pas un secteur à l’hôpital qui n’est pas en souffrance» : les soignants demandent des comptes

    « On vous soigne, on nous saigne ». Alors que le plan d’urgence pour l’hôpital public doit être dévoilé ce mercredi 20 novembre par le Premier ministre, Edouard Philippe, des milliers de médecins, d’aide-soignants, d’infirmiers et d’étudiants ont manifesté ce 14 novembre pour faire « entendre la souffrance de l’hôpital », celle des patients, comme des […]

    « On vous soigne, on nous saigne ». Alors que le plan d’urgence pour l’hôpital public doit être dévoilé ce mercredi 20 novembre par le Premier ministre, Edouard Philippe, des milliers de médecins, d’aide-soignants, d’infirmiers et d’étudiants ont manifesté ce 14 novembre pour faire « entendre la souffrance de l’hôpital », celle des patients, comme des soignants. Une mobilisation d’une rare ampleur pour fustiger un criant manque de moyens, humains et financiers, et des conditions de travail qui ne cessent de se dégrader. Le personnel hospitalier appelle à une nouvelle manifestation unitaire le 30 novembre à Paris.

    Laëtitia Romain et Zaher Azzaher


    Ce mercredi 20 novembre, le « plan d’urgence » pour l’hôpital public sera présenté par le Premier ministre Edouard Philippe, pour répondre à la grande mobilisation qui a eu lieu le 14 novembre dernier. Le mouvement de grève a commencé en mars 2019 avec les services des urgences et s’est étendu à tous les services et à tous les soignants des hôpitaux publics français.

    Médecins, aide- soignants, infirmières, étudiants se sont unis pour scander « soignants épuisés, hôpital en danger ! » afin que le gouvernement « entende la souffrance de l’hôpital », comme l’explique Christine, infirmière clinicienne dans l’équipe mobile de soins palliatifs du Centre hospitalier de Versailles. « On est là pour répondre à la souffrance des patients et de leur familles, mais il faut que la souffrance des soignants soit entendue. »

    Baisse des moyens, burn-out et départs vers le privé

    Le constat est unanime. Depuis une dizaine d’années les conditions de travail se dégradent, les départs vers le privé ou pour cause de burn-out s’accélèrent et les moyens humains et financiers s’amenuisent. Le collectif inter-hospitalier attend en premier lieu des annonces de la part du gouvernement sur une augmentation du budget hospitalier, à hauteur de l’augmentation des besoins et des charges (au minimum de 4%). 

    En effet, le budget prévu par le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, actuellement en cours d’examen au Sénat, est limité à 2,1% pour l’Hôpital. « Une augmentation complètement insuffisante pour couvrir les besoins de santé de la population », selon Véronique, pédiatre au Centre hospitalier de Versailles et membre du comité organisationnel local du collectif inter-hospitalier, qui affirme que des économies supplémentaires feraient « exploser l’hôpital public ».

    Les revendications portent également sur une augmentation significative des salaires des personnels hospitaliers, avec comme objectif la moyenne des salaires des pays de l’OCDE pour des postes équivalents. Par exemple, la France se trouve en 26 ème position sur 29 pour la rémunération des infirmiers. Ainsi Morgan, infirmier à l’hôpital de Dinan en Bretagne, témoigne : « on a du mal à finir les fins de mois, ça devient compliqué d’un point de vue personnel ».

    Un manque d’attractivité financière auquel s’ajoute la pénurie de personnel, entraîne des pertes en qualité de soin « On s’inquiète pour l’avenir de notre hôpital et pour la population qui en dépend », déclare Morgan. Véronique, infirmière de nuit au service des urgences du Centre hospitalier de l’agglomération Montargoise dans le Centre-Val de Loire, n’en perd pas son humour : « On pourrait comparer l’infirmière à une pieuvre, il faudrait qu’elle ait un cerveau et 36 bras ! »

    La dérive de l’hôpital comme entreprise

    Cette situation est en partie liée au mode de gestion de l’hôpital public, qui tend de plus en plus vers des logiques de rentabilité inadaptées à la mission même de l’institution. Ainsi, avec la tarification à l’acte instaurée en 2004, l’hôpital ne reçoit plus une dotation globale, mais une allocation des ressources fondée à la fois sur la nature et le nombre d’actes médicaux opérés. Or, bien souvent les actes demandés à l’hôpital public ne sont pas rentables. Le personnel hospitalier dénonce une dérive vers un « hôpital entreprise », poussant à favoriser des actes générant plus de bénéfices au détriment des besoins de la population.

    La mobilisation de jeudi a rassemblé 10 000 personnes à Paris selon les organisateurs et 7 500 selon la police. Ainsi que plusieurs centaines dans d’autres villes de France. Ce mouvement national traduit une réalité présente sur tout le territoire. Pierre, étudiant originaire de Guadeloupe, venu faire son externat à Paris, estime que : « la situation est similaire à Paris et en Guadeloupe. Même si, en Guadeloupe il y a encore moins de matériel et un besoin d’aide un peu plus appuyé, c’est pareil. Le manque de moyens et de personnel crée des tensions avec les patients et les soignants. »

    Un mouvement qui n’en est qu’à son début selon Victor, ancien aide-soignant et secrétaire de syndicat CGT, qui qualifie de « phénoménal » le fait que tout le personnel hospitalier soit représenté dans la rue, en précisant « il n’y a pas un secteur à l’hôpital qui n’est pas en souffrance ». Le collectif inter-hospitalier appelle à une nouvelle manifestation unitaire le 30 novembre à Paris.

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