Janvier 2023. Un sac à dos et un départ. Sur un coup de tête, Marine s’en va visiter le Maroc avec une amie. Deux semaines égrainées de souvenirs de débrouille et d’aventures, qu’elle raconte, la mine enjouée. Pour la première fois, la jeune femme a sillonné ce pays du Maghreb – cette région qui la fascine tant. Et ce voyage résonne avec tout son parcours.
« Littérature africaine », « Histoire de l’Afrique au Ve siècle », « Focus sur Boko Haram » … À Sciences Po, c’est le cursus Afrique qui a sa faveur. Une évidence pour celle qui s’intéresse à ce continent depuis le lycée, après « un travail sur les minerais du Kivu, en République démocratique du Congo ». Ses yeux s’illuminent lorsqu’elle évoque ses rencontres avec Gaël Faye ou encore Mohamed Mbougar Sarr, deux auteurs qu’elle a lus et relus, et dont elle a désormais un autographe. Ce n’est pourtant pas pour ces conférences prestigieuses que Marine a choisi son école, mais bien pour devenir journaliste.
Raconter ce qui se trame sur le terrain, voilà ce qui guide Marine vers ce métier. À Calais, bénévole auprès de jeunes en exil, elle prend conscience de la différence de récit, entre ce que véhiculent les médias mainstream et ce qu’elle observe. « J’avais l’impression que c’était une zone hors de tout, hors de la France », se souvient-elle encore, balbutiante. Elle y décrit « les barbelés partout, les policiers partout » et puis le travail quotidien, la distribution de tentes et de biens d’urgence dans cette zone très militarisée. C’était en 2021. Et les images restent vives. Peut-être encore douloureuses. Pendant son mois de volontariat, deux personnes décèdent par balle. Une réalité encore trop tue qui convainc Marine de la nécessité de parler autrement de la migration. Ça tombe bien, elle écrit pour Guiti News.
Par Sophie Hienard