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    « Famille solidaire », une alternative à la prise en charge des Mineurs Non Accompagnés

    Début mars, une coalition de dix pays européens, dont la France, s’est formée afin de venir en aide à 1.600 mineurs migrants bloqués dans les camps grecs. Cependant, la prise en charge de ces enfants dans l’Hexagone par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) connait des saturations avec un triplement des effectifs, passant de 13.000 en […]

    Début mars, une coalition de dix pays européens, dont la France, s’est formée afin de venir en aide à 1.600 mineurs migrants bloqués dans les camps grecs. Cependant, la prise en charge de ces enfants dans l’Hexagone par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) connait des saturations avec un triplement des effectifs, passant de 13.000 en 2016 à 40.000 en 2018, selon l’Assemblée des Départements de France (ADF). Pour tenter d’enrayer ces situations précaires, l’antenne île-de-France de France-Parrainage a mis en place un dispositif d’accueil inédit. En test depuis deux ans, il permet à des familles bénévoles d’accueillir un mineur non accompagné pendant un an au moins. Rencontre avec Nadia et Humza.

    Texte : Justine Lenormand / Photos DR : Nadia et Hamza


    « Être accueilli en famille solidaire, ça m’a fait me sentir en famille. Ça me rassure, je me sens en sécurité. Surtout, ça m’a ouvert une porte pour mon avenir, afin de faire de longues études comme je l’ai toujours souhaité ». Quittant seul le Pakistan à l’âge de 15 ans, Humza Naseer est entré en France en 2017. À son arrivée, il est redirigé vers une association d’aide aux mineurs non accompagnés (MNA), qui l’assiste dans ses démarches, afin d’être pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Avec l’accompagnement de l’ASE, les mineurs non accompagnés sont très souvent inscrits en CAP pour entrer dans la vie active à 18 ans. Très peu pour Humza, qui rapidement fait part de sa volonté de continuer les études.

    Début 2019, une centaine de mineurs non accompagnés est réorientée chaque jour vers les services d’ASE selon l’ADF. Pour répondre à l’afflux croissant des jeunes migrants auquel le département du Val-de-Marne a du mal à répondre, l’antenne Île-de-France de France- Parrainage a développé le programme Famille Solidaire. Programme singulier, il est peut être l’avenir de l’intégration des jeunes migrants dans l’Hexagone. Anaëlle Mehr, Présidente de l’antenne Île-de- France, affirme que c’est un projet « novateur dans le sens ou il y a quelques années, il existait des associations qui proposaient des dispositifs d’hébergement d’urgence, d’accueil d’un jeune pour quelques nuits, mais cette idée d’avoir des bénévoles qui s’engagent dans la durée est inédite. »

    La référente ASE d’Humza se renseigne sur ce dispositif, pour établir un premier contact avec une famille. Malheureusement, après un premier week-end, la famille ne donne pas suite. Déçu, Humza décide de rencontrer une nouvelle famille. Une dernière chance en somme, si la prise de contact venait à échouer. C’est ainsi qu’il rencontre Nadia Canepa.

    Devenir famille solidaire

    Avant d’accueillir un jeune migrant, de nombreuses étapes sont à passer. Le processus commence par une évaluation à la fois du jeune et de la famille. Tout est mis en oeuvre pour que la rencontre soit fructueuse. Faire que le jeune et la famille se correspondent afin de pouvoir vivre ensemble. Trois entretiens sont nécessaires pour examiner la candidature d’une famille.

    Le premier a lieu avec Anaëlle Mehr accompagnée de Marie-Aline Legroux, éducatrice spécialisée de formation, et référente parrainage pour le programme Famille Solidaire. Le deuxième et troisième entretien se font accompagnés de la psychologue du programme Andrea Barros, et du référent ASE du mineur accueilli. « Famille Solidaire est vraiment une coopération entre France-Parrainage, l’ASE le jeune et la famille. », insiste Marie-Aline Legroux.

    Pour Nadia Canepa, la rencontre a été très émouvante. Elle confie : « Moi, je n’ai pas d’enfant, mais je pense que c’est quelque chose qui se rapproche de l’attente d’un enfant. Ça va beaucoup plus vite, on n’attend pas neuf mois (rires). J’étais impatiente de le découvrir. Qui est-ce ? Comment est-il ? … Ça a été une découverte au fur et à mesure, ça nous a pris un peu de temps, surtout qu’au début il ne parlait pas français. Mais son intégration a été assez rapide, car pour être honnête il possède une facilité très étonnante pour apprendre les langues ». Nadia Canepa n’avait aucune appréhension, car le projet qu’on lui a présenté lui convenait parfaitement. Il y avait l’encadrement nécessaire pour que tout se passe bien.

    « L’histoire continue pour nous »

    Famille Solidaire assure un accompagnement dans la durée grâce à des échanges mails et téléphoniques, et surtout par une visite à domicile toutes les six semaines. « Le fait d’avoir toujours quelqu’un sur qui compter en cas de besoin est très rassurant. », assure Nadia Canepa. Célibataire, en couple, marié, avec ou sans enfants, une famille solidaire est unique et son implication demeure le critère primordial afin d’accompagner un mineur.

    Tout comme Humza, dix jeunes sont actuellement placés en famille d’accueil et trois sont en attente. Marie-Aline Legroux tire un constat global : « quand ils (les mineurs non accompagnés ndlr) arrivent, ils sont très anxieux, réservés et stressés par ce qu’ils ont vécu. On remarque que grâce au programme, ils gagnent en sérénité, en confiance en eux et en la vie. Aussi, Famille solidaire se révèle-t-elle comme une véritable porte d’intégration pour eux. Être un jeune migrant, c’est quand même être en marge de la société française actuelle. Se trouver en famille solidaire, c’est pouvoir en saisir les codes, c’est avoir un corps d’attache qui permet de s’intégrer, de se sentir légitime d’être là. »

    Le programme Famille solidaire peut prendre fin à la majorité du mineur. Il est adulte et peut décider de lui même de son avenir. Mais, pour Nadia Canepa son engagement auprès d’Humza dès le début était clair : elle l’accompagnerait jusqu’à ce qu’il n’ait plus besoin d’elle, peu importe son âge.

    « Avec Humza on a discuté de ses projets, c’était son souhait de continuer les études. Moi je l’avais prévenu, j’avais prévenu son ASE et France-parrainage que j’étais tout à fait disponible et que j’avais envie de l’accompagner dans ses études au-delà de ses 18 ans. Si officiellement le projet s’est terminé le 26 mai, date de ses 18 ans, l’histoire continue pour nous ».

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