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    « Je pars à la rencontre de l’étranger qui sommeille en moi » : la nouvelle pièce Passeport d’Alexis Michalik, ou le récit d’une aventure humaine.

    Le théâtre de la Renaissance, à Paris, a ouvert ses portes depuis le 26 janvier à la nouvelle pièce Passeport d’Alexis Michalik. Pour la première fois, le metteur en scène à grand succès nous plonge dans un récit sur l’immigration en France. À l’occasion du dernier filage, Guiti News est allé à sa rencontre, et à la découverte d’une pièce politique mais surtout, humaine.

    [On ne sort pas indemne de “Passeport”. La nouvelle pièce du célèbre Alexis Michalik ne déçoit pas. On se laisse embarquer dans un récit sur l’immigration qui mêle un discours éducatif, incisif et drôle avec un récit sur le rapport à l’autre, à l’étranger, et à soi-même. “Passeport” est à la fois un portrait de la société française ainsi qu’une invitation à l’introspection. Les personnages sont attachants et l’intrigue est pleine de rebondissements. Le message est clair : inviter à penser les migrations autrement.]

    Issa, un jeune Érythréen laissé pour mort au cœur de la jungle de Calais, se réveille avec la mémoire perdue. Dans cette quête éperdue pour retrouver son identité, son seul repère tangible est son passeport. Aux côtés de compagnons d’infortune, il se lance dans une périlleuse odyssée, cherchant à obtenir un titre de séjour malgré les nombreux obstacles qui obstruent son chemin.

    Se mettre dans la peau des personnages

    « Qu’est-ce que ce serait si c’était vous ? », déclare Alexis Michalik. Dès les premières lignes du texte, son ambition nous apparaît de manière claire : immerger le spectateur dans un conte, où la guerre éclate, où tout est perdu, où le départ devient inévitable. Un récit où l’on allume les projecteurs sur les conditions des personnes exilées.

    La pièce devient une invitation à l’empathie, il s’agit « d’essayer de vivre un instant ce que vivent ces personnes là et imaginer que ça vous arrive à vous et à partir de là, révéler un peu tout ce qui se passe », décrit-t-il.

    Alexis Michalik signe la pièce Passeport, à la fois humaniste et politique. Crédit : Alejandro Guerrero.

    Un acte de pédagogie

    Alexis Michalik révèle une obsession bienveillante pour la documentation, où chaque mot et chaque détail s’entrelacent pour créer une réalité scénique saisissante. La création de Passeport n’est pas simplement une pièce, mais un témoignage éclairé – et étudié – sur le monde, une exploration des recoins négligés de la société, dont Calais est l’illustration. La bibliothèque, temple du savoir, devient le sanctuaire où les rêves d’Issa prennent forme. Dans l’imaginaire du metteur en scène, ces temples gratuits, héros discrets de son récit, expriment à quel point la richesse se trouve partout où l’on va.

    Issa rencontre Yasmine à la bibliothèque. Crédit : Alejandro Guerrero.

    « On est tous l’étranger d’un autre »

    Au cœur de Passeport résonne la notion d’étranger qui sommeille en chacun de nous. La pièce nous incite à rencontrer cet étranger intérieur et à questionner nos origines. Avec la scène du dîner – où beaucoup pourront s’identifier – la pièce dévoile le fil conducteur secret qui la guide : le rapport à l’autre, et à soi.

    Avec Passeport, les préjugés s’invitent à la table familiale. Crédit : Alejandro Guerrero.

    Si le but premier est de raconter l’épopée d’Issa et de ses compagnons, au fil de l’histoire, l’épicentre se déplace vers une question plus vaste. Celle de l’identité, celle qui sommeille dans chaque être humain, celle que la société tend à négliger chez les personnes exilées.

    Alexis Michalik raconte : « Je me suis rendu compte qu’il fallait pas seulement parler de réfugiés, mais aussi de ce que c’est que d’être descendants d’immigrés, d’être adoptés, d’être simplement racisés en France et donc des différents rapports à l’identité ».

    La pièce, telle une fresque, explore ainsi les différentes couches de la société : la personne réfugiée arrivant sur le territoire, tentant de s’intégrer, et le Français de première, deuxième ou troisième génération d’immigrés. Un kaléidoscope de portraits, où le lien entre les arrivants et « les autres », « les indigènes » , s’ébauche avec subtilité.

    L’immigration au théâtre, entre pari risqué et message politique

    Issa raconte son parcours d’exil. Crédit : Alejandro Guerrero.

    Passeport est un pari artistique audacieux. Avec cette pièce « j’ai l’impression que n’importe qui, quelle que soit son opinion, peut s’y retrouver et peut entendre dans cette pièce des arguments mais qui sont des arguments opposés et non pas violents comme on a l’habitude de voir », décrit Alexis Michalik.

    Pour le metteur en scène d’origine anglo-saxonne,  « c’est la rencontre de deux cultures qui crée quelque chose de nouveau ». Avec Passeport, Alexis Michalik met en scène son amour pour le multiculturalisme. Il provoque la rencontre de deux mondes, crée une alchimie créative entre les personnages qui transcende les frontières et qui donne naissance à quelque chose de nouveau. Pour lui, cette pièce n’est pas simplement un acte de pédagogie, mais une œuvre qui, par sa puissance émotionnelle, saura captiver.  Son ambition est claire:  que Passeport devienne le point de départ d’une discussion plus large, libérant une parole étouffée par les préjugés et la normalisation des idées d’extrême droite. Il termine : « Derrière chaque réfugié, il y a une histoire folle. En fait, il y a une histoire humaine ».

    Passeport est à retrouver au théâtre de la Renaissance depuis le 26 janvier 2024, avec Christopher Bayemi, Patrick Blandin, Jean-Louis Garçon, Kevin Razy, Fayçal Safi, Manda Touré, Ysmahane Yaqini.

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