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  • C'est leur histoire

    Menacé de mort en Guinée pour son homosexualité, Babacar* a été expulsé

    Babacar, demandeur d’asile originaire de Guinée Conakry, est détenu en rétention dans l'attente de son expulsion vers son pays d’origine fixée au 7 novembre. Le jeune homme avait fui en 2017 pour échapper aux persécutions liées à son orientation sexuelle.

    « Son téléphone a été confisqué par les autorités, nous n’avons plus aucun contact », s’inquiète Aude Le Moullec-Rieu, présidente de l’Association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour (Ardhis).

    Babacar* était, aux dernières nouvelles, enfermé en rétention pour être expulsé vers la Guinée Conakry ce 7 novembre à 14h30. Un pays qu’il a fui en 2017 pour échapper aux persécutions liées à son orientation sexuelle.

    « La situation des homosexuels en Guinée Conakry est dramatique. Sa vie est en danger », alerte inlassablement l’Ardhis.

    Malgré un dossier solide, Babacar a vu sa demande d’asile être déboutée par deux fois. « Il était parfaitement inséré et avait même un petit ami », fustige l’association qui l’accompagne depuis plusieurs années.

    « Un parcours du combattant généralisé »

    Dans les faits, Babacar aurait pourtant dû prétendre à une protection au titre de l’asile. En France, la jurisprudence permet de protéger des personnes sur ce motif depuis 1998. Mais « comment prouve- t-on que l’on est homosexuel ? », s’interroge, agacée Aude Le Moullec-Rieu. 

    Et de poursuivre : « Lors de sa demande d’asile, personne n’a pris en compte la personnalité pudique de Babacar. Il avait passé sa vie à cacher son homosexualité, constate son accompagnatrice. Il a grandi dans un pays où il n’existe aucun mot positif pour parler de sa sexualité ».

    L’entretien face à lOffice français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), il l’a vécu comme une intrusion violente dans son intimité. « Il lui a donc manqué les mots pour convaincre », insiste l’association.

    La difficulté d’obtenir l’asile dans l’Hexagone sur ce motif était déjà épinglée par un projet de recherche en 2020 « La preuve dans les demandes d’asile en raison de l’orientation sexuelle », coordonné en 2020 par Daniel Borrillo de l’Université Panthéon-Assas (Paris).

    L’étude révèle que « l’instruction, se fonde moins sur la réalité des persécutions ou des craintes de persécutions que sur la véracité de l’homosexualité ou de la transidentité des requérants ».

    Une observation partagée par l’Ardhis : « C’est le parcours du combattant pour toutes les personnes que nous accompagnons. La preuve de l’orientation sexuelle est très compliquée à fournir. Les autorités ne prennent pas en compte la difficulté qu’ont les demandeurs d’asile à s’ouvrir sur ce sujet ».

    De la persistance de la criminalisation de l’homosexualité

    Dans le monde, les relations homosexuelles sont réprimées par la loi dans 69 pays sur 193, et passibles de la peine de mort dans 11 d’entre eux. En Guinée Conakry, le nouveau Code pénal de 2016 « condamne à une peine d’emprisonnement et à une amende les actes impudiques ou contre- nature commis avec un individu du même sexe ».

    En 2019, l’affaire de Moussa Camara, homosexuel originaire du même pays, avait réussi à obtenir une issue favorable à sa demande d’asile. Non sans peine. Il avait pu compter sur une mobilisation de grande ampleur, incluant également plusieurs soutiens politiques, dont celui de la mairie de Paris.

    Babacar n’a pas eu cette chance. En plus des risques encourus devant la justice de son pays, « il fait l’objet de menaces très sérieuses de la part de certains membres de sa famille », s’inquiète Aude Le Moullec-Rieu.

    Les nouveaux éléments rassemblés grâce à un proche sur place prouvent que les dangers qui pèsent sur la vie de Babacar restent prégnants. Malgré les preuves, l’Ofpra refuse de réexaminer le dossier. Et, son expulsion l’empêchera de défendre son recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).

    Une décision anéantissant toutes ses chances d’avoir une vie « normale » dans un pays où son identité sexuelle n’est pas un crime.

    Photo à la Une : illustration © Federico Iwakawa

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