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    [Cinéma] «Divertimento» : Un orchestre qui sonne juste

    Au diable le déterminisme. Devenir cheffe d’orchestre, c’est l’ambition de Zahia Ziouani, pour qui la musique classique doit avoir sa place partout. Un parcours hors du commun porté ce mercredi à l’écran par la réalisatrice Marie-Castille Mention-Schaar dans « Divertimento ». A l’occasion de sa sortie, nous avons rencontré Zahia Ziouani pour discuter culture, trajectoires et égalité des chances.

    « En tant que cheffe d’orchestre, on fait face à beaucoup d'hostilités. Mais, je regrette que l’on représente les cheffes d’orchestre à la télévision sous l’angle de personnes très tyranniques. Moi, par exemple, je ne le suis pas » Guy-FERRANDIS-2022-ESTELLO-FILMS-EASY-TIGER

    Standing ovation. Public debout, applaudissant à bâtons rompus comme pour demander un rappel. « On dirait la fin d’un de nos concerts ! Le film reçoit un très bon accueil parce qu’il aborde à la fois le thème de la jeunesse, la réussite des femmes, la diversité et bien sûr la musique », lance la cheffe d’orchestre Zahia Ziouani en sortant de la projection de « Divertimento » à l’UGC des Halles de Paris cette fin janvier.

    Le film de Marie-Castille Mention-Schaar (« les Héritiers », « le ciel attendra ») retrace son parcours. A l’écran, Zahia Ziouani est portée par l’impressionnante Oulaya Amamra, quand Lina El Arabi interprète Fettouma, sa sœur jumelle.

    La première rêve de devenir cheffe d’orchestre et la seconde violoncelliste professionnelle. Après leur passage au conservatoire de Stains, en Seine-Saint-Denis, les deux sœurs intègrent le lycée Racine à Paris. Zahia veut devenir cheffe, mais « cheffe, ce n’est pas un métier de femme », lui répète-t-on à l’envi, encore moins quand on est pour une jeune fille modeste, d’origine algérienne, du 93.

    Il en faudra plus pour décourager la jeune femme qui compte bien diriger son orchestre un jour.

    « Le périphérique, c’est une route, pas une frontière ! »

    A son arrivée au lycée, les portes de la musique classique lui sont tout, sauf grandes ouvertes. « Avec ma soeur, nous venions d’un quartier où l’entraide, c’était la base. À Racine, les élèves comme les adultes nous faisaient comprendre que nous n’avions pas notre place ici », se remémore ainsi Zahia Ziouani. Victime d’un racisme social certain, le chemin sera pour elle semé d’embûches.

    À 20 ans, Zahia ne désespère pas. Et décide de former son propre orchestre symphonique, « Divertimento », associant des musiciens du conservatoire de Stains et de Racine à Paris. « Faire venir mes camarades chez moi en Seine-Saint-Denis était l’occasion de leur prouver que le périphérique était une route et pas une frontière ! », argue celle devenue depuis commandeur des Arts et des Lettres.

    La culture serait-elle alors politique? « Absolument. Nos concerts ont un impact direct sur les habitudes culturelles des habitants. En Moselle par exemple, nous avons attiré des milliers de personnes de milieu populaire et rural. Nous jouons dans des territoires urbains, ruraux et même en milieu carcéral. Les gens viennent souvent pour la première fois au concert », assure la cheffe d’orchestre.

    De l’importance de la transmission

    Et après la démonstration, vient la transmission. Particulièrement sensible à l’égalité des chances et l’accès inconditionnel aux pratiques artistiques, Zahia Ziouani se déplace avec ses équipes dans toute la France pour former chaque année 500 adolescents à la musique. « C’est essentiel que les jeunes issus de ces territoires pratiquent eux-mêmes la musique », insiste-t-elle ainsi.

    Certes, la cheffe d’orchestre est partie de loin, mais elle ne veut pas entendre qu’elle est partie de rien. « C’est notre père mélomane qui nous a transmis cette passion pour la musique. Il nous a appris à être exigeantes. Il nous répétait de ne pas laisser la vie choisir à notre place. Notre appartement était plein de disques de compositeurs classiques. Nos parents nous ont amenées à être curieuses. C’est désormais à notre tour de jouer ce rôle », appuie Zahia Ziouani.

    « Une femme cheffe n’est pas tyrannique »

    Hasard du calendrier, le film « Tár » signé Todd Field sort également ce mercredi 25 janvier au cinéma. A l’image de Divertimento, « Tár » s’inspire de la vie d’une cheffe d’orchestre, cette fois-ci de l’américaine Marin Alsop. Cette dernière a vivement critiqué le portrait que brosse Todd Field, le jugeant «misogyne».

    Pour Zahia Ziouani, les femmes sont encore trop peu nombreuses dans la direction d’orchestre (seulement 4% en France) et le regard porté sur elles doit changer. « En tant que cheffe d’orchestre, on fait face à beaucoup d’hostilités. Mais, je regrette que l’on représente les cheffes d’orchestre à la télévision sous l’angle de personnes très tyranniques. Moi, par exemple, je ne le suis pas » conclut, tout sourire, Zahia Ziouani.

    « Divertimento » est actuellement en salles.

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