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    Musées : les expositions parisiennes à ne pas manquer

    De nouvelles programmations et des visiteurs ravis. Depuis la fin du confinement le 19 mai dernier, les rues et stations de métros de la capitale française grouillent d’affiches faisant la promotion de différentes expositions. Alors, lesquelles choisir ? Guiti News revient sur ses quatre coups de cœur.

    Un article de Justine Segui / Montage photo depuis les affiches des expositions « Zone franche » (ICI), « Où est l’ami Kiarostami? » (Centre Pompidou), « Fake News : Art, fiction, mensonge » (EDF) et « Moriyama – Tomatsu : Tokyo » (MEP).


    Où est l’ami Kiarostami ?, au Centre Pompidou

    Cinéaste, poète, photographe, graphiste, dessinateur… Nombreuses sont les casquettes d’Abbas Kiarostami, mis à l’honneur par le Centre Pompidou et Mk2, producteur et distributeur des films de l’artiste en France durant plus de vingt ans, au cours d’une rétrospective exceptionnelle.

    Près de cinq ans après sa disparition (1940-2016), cette exposition est un hommage au réalisateur du Goût de la Cerise (Palme d’or du Festival de Cannes en 1997) et de Like Someone in Love (2012).

    Représentant d’un « cinéma différent »

    « Où est l’ami Kiarostami ? », dont le nom s’inspire d’un de ses films à succès (‘Où est la maison de mon ami?’) plonge le visiteur dans l’univers et les œuvres protéiformes du cinéaste. Et s’il veut plus encore, il peut consulter le programme ciné pour admirer l’un de ses longs-métrages, diffusés également au Centre Pompidou.

    Kiarostami est l’un des représentants de la Nouvelle Vague iranienne (Cinemay-e motafavet ou « cinéma différent »), un mouvement artistique initié à la fin des années 1960. Sa marque de fabrique ? Le dialogue poétique et la narration allégorique pour traiter de séquences politiques et philosophiques.

    S’il est surtout connu en tant que réalisateur, Kiarostami commence sa carrière en tant que graphiste. Une passion qu’il conserve sa vie durant, pour réaliser lui-même les affiches de ses films. Poète et photographe, l’exposition met en valeur tous les médiums exploités par l’artiste.

    Tout au long du parcours, structuré autour de treize modules, le visiteur est transporté dans son univers : face à une galerie de visages d’actrices iraniennes, à bord de la voiture emblématique de ses films ou au cœur de son lieu de création à Téhéran reconstitué.

    Infos pratiques : ce voyage dans la poésie d’Abbas Kiarostami est en accès libre et gratuit au Forum -1 et dans la Galerie de photographies du Centre Pompidou, du 19 mai au 26 juillet 2021. Le centre est ouvert de 11h à 20h, tous les jours de la semaine sauf le mardi.

    Zone Franche, à l’Institut des cultures d’Islam 

    La monnaie locale s’appelle l’afro. Et gagner le continent européen devient un jeu vidéo. C’est l’univers de la zone franche : entre migration de personnes et d’objets. A l’institut des cultures d’Islam (ICI), dans le 18ème arrondissement de la capitale, les visiteurs sont invités à traverser les frontières.

    Cette exposition a été conçue dans le cadre de la saison Africa 2020, initialement prévue de juin à décembre 2020, et reportée en raison de la pandémie. Co-construite par des professionnels issus de différents pays africains, en partenariat avec des institutions françaises et mise en œuvre par l’Institut français, elle se déroule sur l’ensemble du sol national (Hexagone et territoires ultramarins).

    « Casser les barrières physiques, mentales et idéologiques »

    « Africa2020 est une saison centrée sur l’innovation dans les arts, les sciences, les technologies, l’entrepreneuriat, l’économie, et construite exclusivement avec les sociétés civiles de tout le continent, explique N’Goné Fall, commissaire générale de la saison. Avec cette saison, je veux casser toutes les barrières physiques, mentales, idéologiques. Il faut construire ensemble des projets qui répondent à cette question : quels sont pour nous, Africains, les enjeux du XXIe siècle ? Je voudrais que nous échangions sur cela ».

    Casser les représentations, c’est bien le dessein (et la réussite) de « Zone Franche ». Issue d’une collaboration singulière entre trois structures artistiques situées au Cameroun, au Maroc et en France, et animée par un même désir d’interagir avec les écosystèmes urbains qui les ont vu naître. Doual’art (Cameroun), Think Tanger (Maroc) et l’ICI ont imaginé une exposition prenant la forme d’un espace poétique et symbolique autonome.

    Le circuit est découpé en quatre axes et réparti sur les deux lieux de l’ICI. Le visiteur se rend d’abord rue Léon pour se mettre dans la peau de “ce(ux) qui traverse(nt) les frontières”. Là, il peut échanger ses euros contre des afros, monnaie panafricaine utopique imaginée par l’artiste Mansour Ciss, pour in fine remettre en question les positions néocolonialistes. Il devient nomade ou tente sa chance pour migrer vers l’Europe à l’aide d’un jeu vidéo.

    … pour interroger les systèmes économiques

    Rue Léon toujours, la deuxième partie de l’exposition interroge les systèmes économiques de la mondialisation : vente de produits à la sauvette ou contrebande aux frontières. Dans le second lieu, rue Stephenson, c’est l’esprit qui vagabonde vers des horizons lointains ou rêvés. Guidé par des oiseaux colorés, symbole de la migration de l’esprit, le visiteur marche sur des nattes colorées, pour parcourir, en musique, un paysage poétique dessiné.

    La dernière partie de l’exposition se trouve au sous-sol, elle expose les témoignages d’artistes, d’écrivains, de commerçants ou de représentants d’associations engagés dans la production et la diffusion internationale de biens matériels ou immatériels. C’est une immersion dans les coulisses de l’exposition pour permettre au visiteur de comprendre la genèse de ” Zone Franche”, expliquée par les artistes qui ont participé à la monter.

    Infos pratiques : cette aventure en “Zone Franche” est accessible gratuitement, sur réservation d’un créneau de visite, jusqu’au 1er août. L’ICI est ouverte du mardi au dimanche de 11h à 19h sauf le vendredi de 16h à 20h.

    Fake News : Art, fiction, mensonge, à l’Espace fondation EDF

    « C’est le rôle des artistes de jouer entre le fiction et la réalité », explique Laurence Lamy, déléguée générale de la fondation groupe EDF où était inauguré, fin mai, “Fake News : Art, fiction, mensonge”.

    « Ce n’est pas une exposition artistique, reprend Laurence Lamy, c’est surtout une manière de déployer, décrypter un sujet de société avec le concours d’œuvres d’art ». Ce sujet de société, c’est les fake news, soit de fausses informations souvent virales sur les réseaux sociaux.

    La visite est découpée en trois temps : « fabrication », « diffusion » et « risques et remèdes ». Entre maquette réaliste d’une ville en guerre, deep-fakes (fake news faisant appel à l’intelligence artificielle dans sa conception), fausses unes de journaux et imprimante à infox, les artistes redoublent de créativité pour mettre en lumière et interroger les modalités de manipulation de l’information.

    « L’humain a beaucoup délégué à la machine et dans cette délégation, il y a une perte de contrôle et une perte de lecture de la vérité, de la réalité »

    Le cerveau derrière cette scénographie, c’est Vincent Tordjman. Homme de théâtre, il se considère comme un « professionnel du mensonge et du faux ». Tordjman pense un parcours unique en labyrinthe, afin « de faire croire au visiteur qu’il est dans une matrice technique parce que la fake news est, parfois, liée à l’emballement du système d’information et des machines ».

    Et d’affiner : « l’humain a beaucoup délégué à la machine et dans cette délégation, il y a une perte de contrôle et une perte de lecture de la vérité, de la réalité ».

    Les machines, causes ou remèdes ? Si l’exposition déploie un constat alarmant sur l’état de l’information dans le monde, la dernière partie du circuit donne, quant à elle, plus d’espoir et de pistes. L’œuvre de l’artiste “Encore une stp”, “Make Truth Great Again” clôt l’exposition. Il y présente un écran, faisant défiler chaque seconde des articles de presse.

    Le résultat de six mois de recherche d’un algorithme identifiant les fausses informations fact-checkées (vérifiées) dans le monde. « C’est en référence à la célèbre phrase de Donald Trump (‘Make America Great Again’), raconte “Encore une stp”, en regardant les réponses sous les tweets de Trump, beaucoup de gens commentaient ‘Make truth great again’ ».

    Une immersion résolument éducative et percutante.

    Infos pratiques : l’exposition est gratuite et durera jusqu’au 30 janvier 2022. Le centre de la fondation EDF est ouvert de midi à 18h et tous les visiteurs doivent d’abord réserver une place en ligne.

    Moriyama – Tomatsu : Tokyo, à la Maison Européenne de la Photographie

    À la Maison Européenne de la Photographie (MEP), l’exposition “Moriyama – Tomatsu : Tokyo” dévoile la capitale japonaise à travers deux objectifs audacieux, ceux de Shomei Tomatsu et de Daido Moriyama. Près de 400 œuvres, prises entre les années 1950 et aujourd’hui, y sont ainsi réunies.

    Une exposition prévue du vivant de Shomei Tomatsu (1930-2012), inspiration et mentor de Daido Moriyama. Elle n’avait, pourtant, jamais été présentée avant aujourd’hui. Elle a pu voir le jour grâce à la collaboration entre Daido Moriyama et la veuve de Shomei Tomatsu, Yasuko Tomatsu.

    Refuser la neutralité pour épouser l’émotion

    Cœur de Tokyo, 1961. Moriyama est un jeune photographe, qui rêve d’intégrer la prestigieuse agence VIVO, regroupant les grands noms de la photographie contemporaine. Il s’y trouve un mentor en l’artiste qu’est Tomatsu, de huit ans son aîné.

    Ce dernier est alors l’un des premiers au Japon à proposer un nouveau type de photographie : refusant la neutralité, pour épouser l’émotion. Leur amitié traverse les décennies, à l’image de leurs photos de la capitale nippone.

    Pour cette exposition, chaque photographe occupe l’un des deux étages de la MEP : le premier est dédié à l’aîné des artistes, le deuxième au plus jeune.

    Le visiteur voyage du Tokyo d’après-guerre, désabusé et occupé, au Tokyo d’aujourd’hui, grouillant de monde et coloré ; en passant par les années 1960 des révoltes étudiantes et du mouvement Provoke. Tomatsu et Moriyama ont tous les deux notamment capturé le quartier de Shinjuku, celui des grands magasins et de la vie nocturne.

    Une exploration sans tabou

    Sans tabou, ils s’intéressent à la place de la sexualité dans le quartier, comme avec la série « Tights » (collants) de Moriyama, ou « Eros » de Tomatsu. Alors que les deux hommes fréquentaient les mêmes cabarets, bars à filles ou strip-teaseuses de ce quartier, leurs œuvres voient s’épanouir deux sensibilités différentes. Tomatsu est volontiers plus engagé dans ses œuvres, il met sa subjectivité au service d’un contenu informatif et critique, s’opposant aux pratiques documentaires de la photographie d’alors.

    Il met en scène le prolétariat et dépeint le Japon meurtri d’après la bombe nucléaire.

    Moriyami a, quant à lui, exploré la photographie sous plusieurs formes. A la sortie de son livre Farewell Photography (1972), il affirme : « vouloir aller au bout de la photographie elle-même ».

    Dès la fin des années 60, il utilise son objectif pour s’écarter du réalisme : il produit des œuvres floues, y ajoutant du grain ou proposant des images sans sujet. Il devient ainsi l’artiste le plus éminent du mouvement Provoke, réuni par la revue éponyme.

    Infos pratiques : ce billet d’avion vers le Japon est consultable à la Maison Européenne de la Photographie jusqu’au 24 octobre 2021. L’entrée est au prix de 10 euros et les visiteurs peuvent s’y rendre entre 11h et 20h du mercredi au vendredi et entre 10h et 20h les week-ends.

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