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    #Boza : un film pour dire nos petites victoires

    « Avec la pandémie, tout le monde s’en fout du problème des personnes migrantes », s’emporte Séverine Sajous. Son court-métrage (17 minutes) réalisé avec Anna Surinyach vise à proposer un autre récit collectif du sujet. Tour à tour, en mode selfie, Aminata Camara, Mamadou Bamba ou encore Aissatou Berr, partagent leur histoire d'exil et de résilience, entre l’Espagne et le Maroc.

    Un article de Sofia Belkacem / Illustration : poster du film


    « Depuis 2015, je travaille sur la façon de rompre les narratifs formalisés dans les médias sur la migration ». Séverine Sajous déplore l’omniprésence d’une perception de la migration comme celle d’un mouvement continu, avec au choix des personnes exilées au pied des frontières ou dans des bateaux de sauvetage.

    Horizontaliser les regards

    Pour la journaliste qu’elle est devenue, il y a urgence à proposer d’autres images et d’autres récits, faisant montre de la complexité des parcours des personnes en exil, pour ainsi mettre en lumière leur bagage culturel, historique, professionnel. Pour, en somme, montrer tout ce qu’ils et elles peuvent apporter à la société d’accueil, loin de tout spectre misérabiliste.

    Alors en 2018, avec la journaliste Anna Surinyach, elles pensent à réaliser un court-métrage « #Boza ». Avec pour tout outil des téléphones portables, des personnes en situation d’exil se racontent. Disent leurs aspirations, entre l’Espagne et le Maroc.

    « #Boza » a été co-construit avec les protagonistes du film, lors d’ateliers. Pour Séverine Sajous, il était important de travailler une méthodologie participative pour horizontaliser les regards. Ce qui n’était pas chose aisée au départ. « Le téléphone représente l’intime. Comment faire pour filmer cela, permettre aux participants de rentrer dans le projet ? ».

    « #Boza » autant d’exégèses pour autant de récits

    Tout au long du film, les protagonistes évoquent leur « boza » -terme très usité dans les presses espagnoles et marocaines-, montrant qu’ils s’en font chacun une représentation, un imaginaire. Un mot aux origines hermétiques.

    D’aucuns estiment qu’il signifie « victoire » dans un dialecte camerounais, quand d’autres à l’image d’Aminata Camara estime que c’est une déformation phonétique. « à leur arrivée dans le pays, se trouvant devant des falaises, des personnes se seraient exclamées ‘Oh, c’est beau ça !’ ».

    Pour d’autres encore, tel Mamadou Bamba, « boza » signifie « être à demi-mort ». Mûe par sa formation initiale de linguiste, Séverine Sajous a tenté de retrouver la genèse du mot, pour tomber encore sur une autre acception.

    « Il semblerait que ce soit lié au registre maritime. Le mot désignerait une corde qu’un petit bateau lance à un grand bateau quand il est à la dérive. C’est en tout cas une belle métaphore de notre projet, pour illustrer ce que les États devraient mettre en œuvre pour porter secours aux plus vulnérables », appuie-t-elle.

    Un objet politique

    Séverine Sajous assume la position partisane de ses œuvres : elle entend via la pratique artistique faire du militantisme pour acter une réalité : « Nous sommes une société plurielle. Je veux donner à voir l’altruisme et le vivre-ensemble », explique-t-elle.

    Leur travail a séduit le festival international de court-métrage Demetera à Paris, qui l’a sélectionné pour cette nouvelle édition, s’étalant du 10 au 17 mars. De quoi rendre sa co-réalisatrice très heureuse : « Le covid est venu effacer le sujet. Avec la pandémie, tout le monde s’en fout du problème des personnes migrantes ».

    Gageons, espérons du moins, que ce sera prochainement différent, grâce aux travaux de Séverine, qui comme tant d’autres, humanise les récits.

    Le film est à retrouver ici.

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