« Pour stopper le Covid, nous devons vacciner tout le monde » : quid des populations exilées
Une politique vaccinale plus égalitaire et inclusive à l’endroit des personnes exilées. Tel est le plaidoyer de l’Organisation Internationale des migrations (OIM), déroulé lors d'un événement de sensibilisation en ligne, ce 28 avril. Parmi les idées avancées : l’importance de faire front commun contre le virus, mais aussi de revoir la place des personnes exilées dans la société en investissant dans leur savoir-faire.
Justine Segui
« Il existe de nombreuses circonstances dans lesquelles les migrants ne sont pas pris en compte ou inclus dans le processus de vaccination, et même s’ils le sont, il y a encore beaucoup de barrières », affirme Patrick Duigan, expert dans le champ de la migration et de la santé en Asie et dans le Pacifique pour l’Organisation Internationale des migrations.
43% des personnes exilées craignent de se faire soigner
Quelles sont ces barrières ? La langue d’abord, qui restreint l’accès à l’information. La peur ensuite : sans identifications, sans papiers, beaucoup de personnes n’osent pas se faire soigner ou vacciner.
Au Royaume-Uni, une enquête menée par l’ONG Joint Council for The Welfare of Immigrants (JCW), a quantifié cette crainte. Près de la moitié des personnes déplacées interrogées (43 %) affirme qu’elle aurait peur de se faire soigner en cas de maladie, 11 % craignant d’être facturée et 25 % que ses données soient communiquées au ministère de l’intérieur.
L’enquête montre que même parmi les personnes en possession d’un visa, 30 % confient ne pas oser se faire soigner.
Plus de 40 pays ont publiquement déclaré qu’ils incluraient les personnes déplacées dans leur programme de vaccination nationale, selon les Nations Unies, tandis qu’une vingtaine d’autres a déjà initié le processus. A l’instar de la Jordanie, qui abrite environ 700 000 personnes réfugiées, et qui a été l’un des premiers Etats à vacciner sa population. Soit une « référence » en matière d’inclusion des réfugiés, assure Shabia Mantoo, porte-parole du HCR, dans le média anglo-saxon Devex. En Turquie, certains exilés syriens ont déjà été vaccinés dans le cadre du même processus d’ouverture de la vaccination, renseigne l’agence onusienne.
« Le virus ne fait pas de discrimination »
Pour Patrick Duigan, indispensable donc de réfléchir collectivement, la pandémie constituant un problème de santé publique. « Le virus ne fait pas de discrimination, il touche tout le monde. Cela devrait être pareil pour le vaccin. Pour stopper le covid, nous devons vacciner tout le monde », insiste-t-il.
« Les migrants ont, aussi, un énorme rôle à jouer dans notre société », ajoute Cécile Raillant, cheffe de la migration et du développement durable de l’OIM, pour qui c’est avant tout le regard sur les personnes exilées qui doit changer.
« Ils sont des travailleurs de premier plan qui répondent à toutes les problématiques posées par la pandémie. Ce sont eux qui s’occupent des personnes âgées, ce sont aussi des commerçants, des agriculteurs, des ingénieurs et des innovateurs de notre société », avance-t-elle.
Un exemple récent ? Le développement du vaccin Pfizer permis par Ugur Sahin et Özlem Türeci, un couple allemand d’origine turc, conclut la cheffe de la migration d’OIM.
Pour aller plus loin (article à découvrir en anglais) :
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