Ni d’ici, ni d’ailleurs : pour Shana, «l’apatridie, c’est renier l’être humain» #2
« Je suis une Ajnabi, ce qui signifie que j’ai un statut différent, sans les droits des autres citoyens. Sans le droit de voyager, le droit de faire des études supérieures ». Kurde de Syrie, Shana, 40 ans, a vécu l'apatridie toute sa vie. Dans son pays, d’abord, qui ne la considère pas vraiment comme citoyenne, puis en France, dans son parcours d'exil. Rencontre à Paris avec une femme qui a toujours lutté pour la reconnaissance de son existence.
Quand Shana* pousse la porte du café du 1er arrondissement dans lequel nous l'attendons, le bruit de la rue de Rivoli s’engouffre entre les murs pour masquer le discret « bonjour » qu’elle nous lance du fond de la salle. Elle s’assied, commande un Perrier, avant de demander sans détour ce que nous attendons d’elle. Volontaire, Shana déroule son histoire. Celle d’une jeune fille Kurde née en 1982 à Qamishli en Syrie. Son enfance, elle la passe dans cette ville du nord du pays, capitale de la région autonome du Kurdistan syrien, qui dépend du gouvernorat d’Hassaké. Puis, avec sa famille, elle emménage à Damas. Dans la capitale syrienne, les Kurdes travaillent comme ouvriers. Soit « la main-d'œuvre dont les syriens arabes avaient besoin. Nous nous étions la classe pauvre ». Un Etat qui ne reconnaît pas les siens Bientôt, Shana perçoit combien l’État syrien, alors mené d’une main de...
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