[Cinéma] « Maîtres », dans l’intimité d’un cabinet d’avocats spécialisés en droit des étrangers
Swen de Pauw nous ouvre les portes d'un cabinet d'avocats à Strasbourg, spécialisé dans le droit des étrangers. Ce huis-clos nous offre un éclairage saisissant sur les rouages de la justice en matière de migration.
Plongée dans les rouages d’un cabinet d’avocats spécialisé en droit des étrangers. Dans un huis-clos intimiste, Christine Mengus, Nohra Boukara et leur équipe s’affairent pour venir en aide à tous ceux qui passent leur porte. Souvent pour un dernier recours.
Signé Swen de Pauw (« Le Divan du monde », « Compagnons de route »), le documentaire fait montre des limites d’un système judiciaire à bout de souffle en matière d’immigration. Entre procédures kafkaïennes et lenteurs administratives, le cabinet strasbourgeois est toujours en ébullition.
Un cabinet comme théâtre des bouleversements de notre monde
Le bureau devient ainsi le théâtre de drames intimes de femmes et d’hommes – qui ont tout à perdre ou presque – dont le sort est suspendu à des décisions de justice parfois incompréhensibles. Ici, pas de tribunal ou de juges, seulement des assistantes et des avocates passionnantes et passionnées qui croulent sous les dossiers, les retranscriptions et les plaidoyers.
On retient l’histoire de ce client à qui l’on refuse la régularisation tout en n’émettant aucune obligation de quitter le territoire. Ni en règle, ni en cours d’expulsion, qu’adviendra-t-il alors de lui ?
Ou encore les pérégrinations de cet homme en détresse, qui travaille et vit en France depuis des décennies. Un imbroglio juridique le rend expulsable. Des exemples parmi tant d’autres des cas que les deux avocates défendent au quotidien.
Des avocates intarissables
Plus que des avocates, les deux professionnelles avancent à contre-courant. Donnant de leur personne et leur temps pour assister des clients, dont le désespoir est souvent palpable. Elles tentent alors de les rassurer comme elles peuvent, oscillant entre fermeté et indulgence. Sans ménager personne.
Christine Mengus et Nohra Boukara sont un médium, ce lien entre l’écrasante machine judiciaire et les clients. Un lien plus ténu et plus compliqué qu’il n’y paraît. Le film se fait volontiers plaidoyer contre les défaillances de la justice. Une justice dont les sentences semblent dépendre des juges et de leur interprétation des lois.
« Maîtres » offre un éclairage sur le manque d’humanité et de compréhension envers des citoyens relégués en seconde zone. Loin d’être sombre, le film est empreint d’un humour presque absurde.
Il est aussi, vous l’aurez compris, une ode au travail acharné de Christine Mengus et Nohra Boukara. La première est engagée, parle sans langue de bois et a un sens de l’humour acéré, quand la seconde est patiente, méticuleuse, à l’écoute, et n’hésite pas à fustiger les travers du système.
À l’aube d’une nouvelle loi sur l’immigration, dont une partie est consacrée à essayer de désengorger l’appareil judiciaire, « Maîtres » est définitivement à voir.
Le film est toujours en salles
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