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    Stateless, la série qui dévoile la condition des réfugiés dans les camps de rétention en Australie

    Inspirée d’une histoire vraie, celle de Cornelia Rau, une Australienne qui se retrouve détenue dans un centre de rétention suite à un malentendu, la série Stateless dénonce le traitement inhumain réservé aux réfugiés. Texte : Sidney Cadot-Sambosi / Photo libre de droit : Ben King (Asher Keddie) Produite par Cate Blanchett, réalisée par Emma Freeman […]

    Inspirée d’une histoire vraie, celle de Cornelia Rau, une Australienne qui se retrouve détenue dans un centre de rétention suite à un malentendu, la série Stateless dénonce le traitement inhumain réservé aux réfugiés.

    Texte : Sidney Cadot-Sambosi / Photo libre de droit : Ben King (Asher Keddie)

    Produite par Cate Blanchett, réalisée par Emma Freeman et Jocelyn Moorhouse en 2019, cette série de six épisodes raconte l’histoire vraie de Cornelia Rau. Une citoyenne australienne qui a été détenue illégalement dans un camp de rétention pour migrants pendant dix mois en 2004-2005 en Australie.

    Plus qu’une série, c’est une missive contre les conditions de vie intolérables des réfugiés, la politique migratoire australienne et la déshumanisation de celles et ceux qui appliquent et subissent les processus administratifs sécuritaires et liberticides.

    Plaidoyer social et politique

    Cornelia Rau était une hôtesse de l’air (son nom est Sofie Werner dans la série) fuyant sa vie et sa famille en quête de sens et de soutien dans une secte d’auto-amélioration. Dans Stateless, figure aussi Ameer, jeune père afghan fuyant la persécution, qui tente à tout prix de sauver sa famille et de préserver sa dignité. Mais également, Cam Sandford, un gardien d’un camp de réfugiés qui perd peu à peu son intégrité ; et Clare Kowitz, une bureaucrate ambitieuse qui suit les règles du jeu dans l’espoir de gravir les échelons au sein du département d’État de l’immigration. Quatre parcours croisés qui se retrouvent dans le même camp de réfugiés.

    Ce camp transformera durablement leurs vies et leurs espoirs. Le fil rouge de l’intrigue est l’histoire de Sofie Werner, qui, après un lourd traumatisme, dissimule sa vraie identité et finira par être détenue dans un camp destiné aux non-citoyens australiens.

    Pourquoi Netflix classe cette série dans les catégories suivantes : « séries politiques », « séries dramatiques sociales » ? Sans doute parce qu’elle ressemble plus à une fiction-documentaire sociale, qu’à un film d’enquête ou à un film de prison. Avec Stateless, Cate Blanchett porte un message politique, qui dénonce la dégradation de la prise en charge des migrants en Australie – plus largement dans le monde – et les volontés politiques des États « accueillants » qui bafouent, dans l’ombre, la déclaration universelle des droits de l’homme en toute impunité.

    Depuis 2012, tous les demandeurs d’asile qui entrent en Australie par bateau sont détenus dans des centres de détention pour immigrés au large, y compris Nauru et l’île Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Les avocats et les médias ont un accès très limité à ces centres.  L’opération « Frontières souveraines » menée depuis 2013 par le Premier ministre actuel australien, Scott Morrison – ministre de l’Immigration et de la Protection des frontières entre 2013 et 2014 – est emblématique du durcissement de la politique d’immigration australienne.

    Le programme a une politique de tolérance zéro : tous les bateaux avec des réfugiés sont interceptés en haute mer et sont forcés de rebrousser chemin, en dépit de toutes circonstances.

    Chronique tragique sur la rétention administrative

    Derrière les barbelés du camp, c’est le désert australien avec la perspective, pour les migrants-détenus, d’être livré à soi-même. 

    La liberté d’être coupé de sa famille, un avenir détruit : bienvenue dans les limbes de l’humanité. Un non-lieu où l’attente devient la définition de l’avenir. 

    La série nourrit la discussion sur la migration en liant la dimension politique à la considération existentielle : en défendant coûte que coûte des frontières physiques arbitraires, les États ont-ils aboli toutes les frontières morales et éthiques ? La figure de la matonne vicieuse, campée par la brillante actrice Rachel House, est le miroir de la nouvelle directrice générale du camp, bureaucrate entêtée, jouée par Jai Courtney.

    Ces deux visages résultent d’un système administratif incongru et mortifère. Outre les conditions de vie très dures des réfugiés, les tentatives de suicides et le développement des troubles mentaux sont monnaie courante dans les camps. Telle Mina, 12 ans seulement, qui tente de calmer sa dépression en se scarifiant les mains.

    70 millions de déplacés dans le monde

    Rappelons que dans le monde, il y a actuellement plus de 70 millions de personnes déplacées fuyant la guerre et les persécutions, cherchant refuge dans les démocraties occidentales. La moitié d’entre eux sont des enfants. Pourtant, leurs droits, leur dignité et leurs idéaux sont écrasés par l’hypocrisie des États qui inscrivent la liberté sur le fronton de leurs institutions.

    Même si le spectateur doit se montrer attentif au cours des trois premiers épisodes, la complexité de ce grand tableau se laisse ensuite apprécier sans annuler la charge émotionnelle des images.

    L’ambassadrice australo-américaine de bonne volonté pour les réfugiés aux Nations Unies, Cate Blanchett, nous livre ici un brûlot sans fard. Elle affirme avec force que les sans patrie ne sont pas des sans droit, ni des sans âme.

    Stateless, une série de six épisodes disponible sur Netflix.

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