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    [Parti pris] Fraude sociale : stigmatiser les étrangers et jouer le jeu de l’extrême droite

    Loin de promettre un soupçon de justice sociale, le plan contre la fraude sociale constitue bien un nouveau canal pour culpabiliser et stigmatiser davantage les bénéficiaires les plus pauvres. Et, en particulier les étrangers. Edito.

    Lutter contre la fraude aux alloc’ pour rendre justice au contribuable, c’est ce que promet le gouvernement. Gabriel Attal, ministre de l’action et des comptes publics a présenté le nouveau plan contre la fraude sociale le 29 mai dernier, s’attaquant à ce qu’il estime être « un impôt caché sur les français qui travaillent ».

    Le gouvernement profite ainsi de ses « 100 jours d’apaisement » pour rappeler qui sont les vrais criminels. En l’occurrence, les plus pauvres et les étrangers.

    Histoire de faire oublier la réforme des retraites et d’annoncer la couleur de la prochaine loi immigration. Un projet qui, rappelons-le, prévoit de renforcer les possibilités d’expulsion, d’accélérer l’instruction des demandes d’asile et de créer un titre de séjour pour les « métiers en tension ».

    Une mesure anti-pauvres…

    Le plan de lutte contre la fraude sociale est présenté dans la foulée des mesures contre la fraude fiscale. Le ministre promet plus de fermeté et de contrôles et place ces deux maux à des niveaux équivalents. Pourtant, on ne parle pas des mêmes montants.

    La fraude sociale est estimée entre 6,8 et 7,5 milliards par la Cour des comptes. Quand à la fraude fiscale, elle s’évalue au minimum à 80 milliards d’euros, soit l’équivalent du budget alloué à l’éducation nationale et à la jeunesse (82 milliards d’euros en 2023).

    Lutter contre la fraude s’avère être une stratégie politique bien commode pour réhabiliter le mythe des assistés sociaux. Ces fainéants. Mais, en y regardant de plus près, ce sont 2,8 milliards d’euros qui sont détournés de la caisse aux allocations familiales, 200 millions aux prestations de retraite et les 4,5 milliards restants correspondent à la fraude à l’assurance maladie.

    … pour les « faire revenir vers l’emploi »

    A l’inverse, trois personnes sur dix n’ont pas recours à certaines prestations sociales alors qu’elles y sont éligibles. Ce sont près de trois milliards d’euros qui ne sont pas versés aux personnes qui pourraient toucher le Revenu de solidarité active (RSA). 

    Parmi les fraudeurs, on compte trois quart d’entreprises et le personnel de santé pour fraude aux cotisations sociales et à l’assurance maladie. Néanmoins, le redressement pour fraude prévoit de ne récupérer que 300 millions d’euros aux cotisations sociales des entreprises et 200 millions à la caisse maladie sur les 7,5 milliards manquants. 

    Et, ce sont les bénéficiaires du RSA qui sont de plus en plus contrôlés. Le président de la République a récemment insisté sur l’urgence de les « responsabiliser », les « faire revenir vers l’emploi », car on le sait bien, « certains abusent ».

    Ne plus « renvoyer » les aides au « Maghreb ou ailleurs »

    Avant tout, ce plan révèle les priorités politiques du gouvernement. En plus de stigmatiser les plus pauvres, il vise aussi les étrangers. Un positionnement qui avait été annoncé par Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances en avril dernier.

    « Nos compatriotes en ont ras le bol de la fraude, avait-il déclaré sur BFM TV. Ils n’ont aucune envie de voir que des personnes peuvent bénéficier d’aides, les renvoyer au Maghreb ou ailleurs ». Inutile de rappeler que ces aides sont versées à des immigrés venus travailler en France et qui donc, logiquement, perçoivent une retraite.

    Le plan de lutte contre la fraude cible directement les étrangers. Il faudra vivre neuf mois par an sur le territoire français et non plus six pour bénéficier des allocations familiales et huit pour les Aides personnalisées au logement (APL). Gabriel Attal a aussi annoncé plus de fermeté sur les cas des retraités qui vivent hors de l’Union européenne. 

    Le gouvernement donne le ton : diviser pour mieux régner en temps de crise. Cibler « ceux qui ne sont rien », comme l’avait doctement asséné le président de la République, et détourner le regard des fraudes fiscales les plus révoltantes.

    Les rhétoriques d’extrême-droite d’exclusion des étrangers des prestations sociales ont fait leur chemin à la tête de l’Etat. Un signal qui devrait d’avantage nous inquiéter à l’approche de la nouvelle loi immigration et des agressions répétées contre des militants de l’accueil.

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