«Maintenant je vais raconter», un témoignage littéraire déchirant et nécessaire
« On nous a donné trois cartes pour appeler l’Afrique, pour leur dire qu’on était bien arrivés et qu’on n’était pas morts. Moi, j’étais triste parce que je n’avais personne à appeler ». Récit autobiographique d’un adolescent jeté sur les routes de l’exil, « Maintenant je vais raconter » (Editions Actes sud junior) constitue notre […]
« On nous a donné trois cartes pour appeler l’Afrique, pour leur dire qu’on était bien arrivés et qu’on n’était pas morts. Moi, j’étais triste parce que je n’avais personne à appeler ». Récit autobiographique d’un adolescent jeté sur les routes de l’exil, « Maintenant je vais raconter » (Editions Actes sud junior) constitue notre nouveau coup de cœur. Mamadou Allou Diallo, un jeune Guinéen y narre, aidé de sa professeure de français, Nadia Goralski, ses pérégrinations de son pays natal, jusqu’à la Libye, puis l’Italie, pour enfin arriver dans l’Hexagone. Ce témoignage poignant, qui ne sombre jamais dans le pathos, est à mettre en toutes les mains.
Texte : Marianne Bourgeois / Dessin : Gaspard « Doudou » Njock
« Maintenant je vais raconter », un livre qui sort des sentiers battus… Le jeune Mamadou Aliou Diallo y raconte les chemins de son exil. De sa Guinée natale vers la Libye. De la Libye vers la France, via la Sicile et l’Italie. Aidé par Nadia Goralski, sa professeure de Français (qui fera partie comme quelques autres de ses « phares », de ces personnes qui l’aideront à se construire, à se reconstruire aussi…), le jeune Guinéen livre un récit, où le factuel et les phrases courtes claquent d’autant plus fort nos âmes et consciences.
« La première fois que j’ai vu Mamadou », raconte Nadia, il était accompagné de Maëva, une jeune femme qui remplissait à elle seule le rôle de « famille d’accueil ». Elle m’a expliqué que ce jeune réfugié guinéen de seize ans avait besoin de cours de français, car il n’avait jamais été à l’école. C’est ainsi qu’a commencé notre belle aventure ».
Quelques temps plus tard, Mamadou apporte à Nadia un texte qu’il avait écrit au collège, à la demande de son professeur qui avait fait travailler la classe sur le thème de l’exil. Mamadou y avait livré quelques images traumatisantes de son long périple et ses premières impressions à son arrivée en France. Nadia émue par ce texte, propose à Mamadou d’être sa plume en restant toujours au plus près de la voix du jeune Guinéen, fidèle à ses mots.
Il en résulte ce livre « Maintenant je vais raconter », une histoire qui, jamais, ne verse dans le pathos. Bien davantage qu’un récit, la plume du jeune Mamadou Aliou Diallo résonne, nous happe et nous heurte parfois, épurée de tout artifice.
Se faire l’écho auprès des plus jeunes et des plus âgés du monde (et non de l’image que l’on s’en fait ou des clichés qui vont parfois avec …), c’est aussi à cela que sert l’écriture et la littérature. C’est aussi à cela que sert « Maintenant, je vais raconter ».
Extraits choisis :
« L’embarquement : (…) Ils ont choisi les plus costauds pour gonfler les deux Zodiacs. « Si vous les faites tomber, il va y avoir des trous, le Zodiac va couler et vous allez tous mourir ! » (…). Dans le nôtre, on était 110. Dans l’autre, ils étaient 125. Il y avait tellement de monde qu’on avait pas de place pour s’asseoir ».
« En Sicile : (…) Elle nous a donné à chacun trois cartes pour appeler l’Afrique, pour leur dire qu’on était bien arrivés et qu’on était pas morts. Moi j’étais triste parce que je n’avais personne à appeler et j’ai un peu pleuré ».
« Août 2018 : Maintenant j’ai mes papiers. J’ai trouvé un appartement en colocation (…) Aujourd’hui, je remercie les Français qui m’ont aidé (…) J’ai des amis en France, ça m’aide à moins penser aux passages difficiles de ma vie. Mai ces choses que j’ai vécues, je ne les oublierai jamais ».
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