Ukraine : une hiérarchisation des réfugiés ?
Alors que les accusations de racisme à la frontière ukrainienne se multiplient, le gouvernement nigérian a exhorté les autorités douanières d'Ukraine et des pays voisins à traiter ses citoyens « avec dignité ».
Depuis le week-end dernier, le hashtag «AfricansinUkraine» (« les Africains en Ukraine ») a fleuri sur les réseaux sociaux. En question ? Des vidéos, montrant des ressortissants refoulés aux frontières de l’Ukraine, alors qu’ils tentent de rejoindre les pays voisins, à l’instar de 400 000 autres personnes.
« Selon des informations regrettables, la police et le personnel de sécurité ukrainiens refusent de laisser les Nigérians monter dans les bus et les trains » à destination de la Pologne, a ainsi assuré le porte-parole de la présidence nigériane, Garba Shehu, à la télévision nationale.
Et le même gouvernement d’exprimer sa « déception face aux rapports de mauvais traitements infligés » à certains ressortissants nigérians en particulier, et africains en général.
Près de 4 000 citoyens nigérians seraient toujours bloqués en Ukraine.
Un traitement égal ?
L’ambassadrice de Pologne au Nigeria, Joanna Tarnawska, a rejeté en bloc toute accusation de racisme. « Tout le monde reçoit un traitement égal, a-t-elle insisté. Je peux vous assurer que, selon les informations dont je dispose, certains ressortissants Nigérians ont déjà traversé la frontière pour se rendre en Pologne ».
Selon l’ambassadrice, les documents d’identité non valides sont acceptés pour franchir la frontière et les restrictions Covid-19 ont été levées. Tous ont quinze jours pour quitter le pays ensuite.
Pourtant, un certain nombre de ressortissants fustige ces différences de traitement pour y voir du racisme. A l’instar de Jessica, étudiante nigériane qui a confié à nos confrères de la BBC : « Je les supplié de me laisser passer, mais l’officier m’a littéralement regardé dans les yeux et dit dans sa langue « seulement les Ukrainiens ». Si tu es noir, tu dois marcher ».
Les pays tentent d’évacuer leurs citoyens
L’association La Cimade demande, dans un communiqué, à l’Europe d’agir et de « faire respecter le droit international en garantissant que les ukrainien.ne.s, ainsi que les étrange·re·s qui étaient nombreux à y étudier ou travailler, à y être réfugiées, obtiennent une protection dans les pays de l’Union européenne ».
Avant de préciser : « Cela implique d’exhorter les pays limitrophes de l’Ukraine à laisser leurs frontières ouvertes et à respecter le principe de non refoulement ».
Aujourd’hui, de nombreux pays tentent d’évacuer leurs ressortissants d’Ukraine, non sans difficultés. Le ministère des Affaires étrangères nigérian l’a rappelé sur twitter : « Je coordonne personnellement avec nos missions en Ukraine, en Pologne, en Russie, en Roumanie et en Hongrie pour faire en sorte que nos citoyens quittent l’Ukraine et que nous ramenions au Nigeria ceux qui sont prêts à rentrer, tout en soutenant ceux qui restent en Ukraine ».
Une manifestation est organisée à Paris samedi en soutien aux personnes discriminées à la frontière.
Illustration : Capture d’écran d’une vidéo Twitter (@ Damilare-arah) – vue 8 millions de fois-, montrant un groupe de ressortissants empêchés de monter dans un train, à destination de la Pologne depuis l’Ukraine.
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