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    Gaza sur grand écran #2 – un sourire pour mille bombes

    Elle était photographe. Elle avait 25 ans, la tête pleine de rêves et du talent. Assassinée le 16 Avril cette année aux côtés de plusieurs membres de sa famille par l'armée israélienne, le sourire de Fatma Hassouna restera immortel à travers nos écrans.

    Fatem Hassouna dans "Put your soul on your hand and walk" de Sepideh Farsi

    Un an plus tôt, la réalisatrice Sepideh Farsi, refoulée à la frontière de Gaza, lui avait demandé de devenir ses yeux sur place. Ensemble, elles échangent des images, des messages, des fragments de vie. Entre elles, un fil de confiance s’est tissé, fragile mais vital.

    De cette collaboration est né le film Put Your Soul on Hand and Walk, aujourd’hui en salles.

    Personne n’entre, ni ne sort

    Une histoire hors du commun au milieu du chaos, c’est à peu près de cette manière là que l’on pourrait décrire la trajectoire de ce film avant un drame qui donne une tournure toute autre à ce projet, mais certainement la plus explicite qu’il soit.
    Hors du commun car Fatma Hassouna, communément appelée Fatem, vivait enfermée à Gaza sous les bombes, comme près de deux millions d’habitants, se voit l’opportunité de documenter le quotidien des Gazaouis. Elle voulait raconter ce que la presse internationale n’avait plus moyen de montrer : des vies ordinaires qui plongent dans l’ombre médiatique.

    Depuis octobre 2023, 220 journalistes ont été tués à Gaza . À titre de comparaison, 45 journalistes avaient trouvé la mort dans l’exercice de leurs fonctions en 2023, à l’échelle mondiale.

    Bande annonce « Put your soul on your hand and walk » de Sepideh Farsi

    Reste le cinéma quand le journalisme est étouffé

    Les conversations entre la cinéaste et la jeune photographe donnent alors naissance à d’autres images que celles d’un territoire brisé de prime abord. Celles du quotidien de milliards de gens à travers le monde, à priori banales: deux femmes se racontant leur vie en appel vidéo, non sans interférences, parfois même des coupures inopinées. Car même au coeur de l’horreur, l’humain semble avoir un besoin farouche de banalités, pour ne pas être essentialisé à la guerre, au statut de victime peut-être, cherchant à être humaniser plus que tout autre chose. Mais comment faire lorsque les lignes sont coupées, l’électricité rationnée, internet limité, et lorsque les gardiens de l’information, droit fondamental, sont peu à peu éliminés? Qui reste-t-il pour raconter, mettre en lumière, simplement montrer?

    C’est ici que se rencontrent les artisans de l’image: cinéaste et photojournaliste, l’une a l’objectif, la présence, l’autre les canaux de diffusion. Put your soul on you hand and walk a été sélectionné à l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion) cette année. Connue pour ses choix engagés, cette sélection propose année après année, durant le festival de Cannes, des films documentaires et de fiction autour de grands sujets de société. Au lendemain de cette annonce en Avril 2025, la maison de Fatem Hassouna est bombardée par l’armée israélienne, la tuant ainsi que 10 autres membres de sa famille. Les places pour la séance cannoise s’arrachent, et le film court le circuit des festivals depuis. C’est à celui de Fameck, 36ème édition de ce festival du film arabe dans l’est de la France, que Guiti était invité à discuter du lien entre journalisme et cinéma dans un contexte de guerre.

    Table Ronde du 10/10/2025 : « Regards croisés entre journalisme et cinéma » ©Julien Cambray


    En de nombreuses occasions, le cinéma a pris le relais sur ce que l’information n’avait pu exposer en son temps, à l’instar de documentaires tel que Liban 1982, radiographie d’un massacre (Nicolas Jallot, 2023) ou d’œuvres de fiction pourtant fidèles à une réalité trop crue pour être racontée au lendemain du traumatisme. Pearl Harbor (Michael Bay, 2002) Apocalypse Now (Francis Ford Coppola, 1979) Full Metal Jacket (Stanley Kubrick, 1987), Voyage au bout de l’enfer (Michael Cimino, 1978) ou encore Zero dark thirty (Kathryn Bigelow, 2013) pour ne citer que ces quelques œuvres majeures, ont permis à des millions de personnes de se faire une certaine idée de la guerre, là où parfois, les caméras ne pouvaient pénétrer.

    A l’heure où la liberté de la presse et la démocratie sont plus que jamais menacées, le cinéma du réel est un cri dans la nuit qu’il nous appartient de faire vivre jusqu’à l’aube.

    Put your soul on your hands ans walk est en salles deouis le 24 Septembre 2025.

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