De l’urgence d’une politique migratoire différente : l’appel des associations
« Le contrôle des frontières l’emporte sur le respect des droits, l’accueil et la protection des personnes exilées ». En réponse au débat sur l’immigration voulu par la majorité ce lundi 7 septembre à l’Assemblée nationale, des dizaines d’associations françaises, réunies en Etats généraux de la migration, fustigent une « instrumentalisation politique » de la question. Exhortant à un changement de cap, les associations invitent l’Exécutif à « à ne pas entraver leur travail » et à construire ensemble la paix sociale de demain. Faute de quoi, la prochaine étape rimera avec désobéissance civile.
« Préparer notre pays aux défis contemporains qui font peur », répétait encore Emmanuel Macron mi-septembre à sa majorité, posant que l’immigration était l’un d’entre eux. Ce lundi 7 septembre s’est donc tenu à l’Assemblée nationale un débat de près de cinq heures sur ce thème, précédé d’un discours du gouvernement, dévoilant six orientations du quinquennat.
Un débat qui, un an à peine après la loi Asile et Immigration, n’a pas de quoi rassurer les associations. Une centaine d’entre elles réunie au sein des Etats généraux de la migration, a fustigé ce lundi « l’instrumentalisation politique par le pouvoir exécutif des questions migratoires au détriment du respect des droits des personnes étrangères en France ». Les Etats généraux ont ainsi regretté que l’adoption de la loi Collomb n’ait ni « réglé les problèmes d’engorgement des structures d’accueil, ni amélioré les conditions d’accueil des personnes, comme les mineurs non accompagnés, qui ont besoin de protection ».
La France au 11e rang des pays accueillant des demandeurs d’asile en Europe
Pour les Etats Généraux, il y a urgence à « reformuler une nouvelle politique d’accueil ». « Les arguments du gouvernement pour justifier un nouveau tour de vis dans la politique migratoire reposent sur des données erronées », insiste ainsi Dominique Noguères, vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme. En outre, alors que le gouvernement a annoncé une refonte de l’espace Schengen pour « mieux protéger », les associations fustigent une politique déjà très restrictive, citant la militarisation de frontières intérieures.
Avec une rhétorique du « en même temps », le gouvernement a assuré vouloir respecter « la tradition de nos valeurs humanistes », tout en partageant la responsabilité de l’accueil. « Chaque pays doit prendre sa part à l’effort », a ainsi martelé le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves le Drian. Une posture balayée par François Héran, professeur au Collège de France, qui rappelle qu’au regard de sa population, la France se classe au 11e rang des pays qui accueillent des demandeurs d’asile en Europe. Soit loin derrière la Grèce, Chypre ou Malte.
Le fantasme d’un « tourisme médical » balayé
La santé, ou plutôt le fantasme d’un « tourisme médical » cristallise aussi l’inquiétude des associations. Si la ministre de la santé Agnès Buzyn a balayé ce lundi les « confusions et les malentendus », rappelant que dans le cadre de l’Aide Médicale d’Etat (AME) « les frais de cure thermales n’étaient pas pris en compte », tout comme les prothèses mammaires, les ONG toujours inquiètes, exhortent à sanctuariser la santé. L’AME, « c’est un minimum, insiste Patrick Bouffard, membre du conseil d’administration de Médecins du Monde. C’est un raté de l’universalité. On le donne à ceux que l’on considère comme des sous-citoyens. Ce hold-up de la sécurité sociale est un pur fantasme ».
Afin de « construire ensemble la paix sociale de demain », les associations invitent ainsi les politiques « à ne pas entraver leur travail » et à se rendre sur le terrain. « J’invite Emmanuel Macron à prendre sa doudoune et à venir faire une maraude! », lance ainsi Stéphanie Besson de Tous Migrants, qui promet le cas échéant, que la prochaine étape sera « la désobéissance civile ».
Cet article vous a intéressé ?
Abonnez-vous à Guiti News à partir de 2€/mois*