Réinventer les contes populaires africains : le défi croisé de Netflix et l’Unesco
L’Organisation des Nations unies pour l'éducation et le géant du streaming en ligne proposent un concours de court-métrage aux nouveaux cinéastes d’Afrique Subsaharienne. À la clé : la subvention d’un projet, qui sera ensuite diffusé sur la plateforme.
Illustration : photographie libre de droit, crédit : afra32
« Il est important que l’industrie du cinéma agisse pour que les voix de l’Afrique soient entendues », a récemment insisté Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco. C’est dans cette optique que l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture et Netflix ont développé un concours pour permettre l’émergence de six cinéastes africains.
Lancé le 14 octobre dernier, le concours ambitionne de mettre à l’honneur les noms du cinéma africain de demain autour du thème « Contes populaires africains réinventés ».
Pour Ted Sarandos, directeur des contenus de Netflix, cette initiative permet de « soutenir les industries créatives en racontant des histoires qui traversent les frontières, reflètent des vérités universelles et nous rassemblent ».
Un potentiel « largement inexploité »
Cette collaboration entre Netflix et l’Unesco intervient alors que le potentiel du continent africain dans l’audiovisuel est « largement inexploité », pointe l’agence onusienne. Une cartographie des industries du cinéma permet bien de mettre en lumière combien les possibilités de croissance dans ce domaine sont importantes.
Seuls 44 % des pays disposent de commissions cinématographiques nationales par exemple. Et, de façon similaire, l’investissement financier reste minime. « 19 pays africains sur 54 (35 %) offrent un soutien financier quelconque aux cinéastes, le plus souvent sous la forme de petites subventions ou d’aides », note l’Unesco.
Dans ce tableau, le Nigéria fait figure d’exception. Avec 2 500 films par an, le pays devance même Hollywood. D’où son sobriquet « Nollywood ».
Faire connaître les contes africains dans le monde
Or, le chemin est encore long pour que cette industrie ait du poids à l’échelle internationale.
C’est précisément ce que permettra ce concours croit savoir Ernesto Ottone R., sous-directeur général pour la culture de l’Unesco. « Ces jeunes cinéastes permettent aux histoires de transcender le temps, l’espace et la culture de leurs communautés dans le cœur des publics du monde entier grâce à une plateforme numérique ».
Pour y participer, il faut être citoyen et résident d’un pays d’Afrique subsaharienne et avoir une expérience cinématographique de deux ans minimum. Les candidats ont jusqu’au 14 novembre pour envoyer le synopsis visant à se réapproprier un conte.
La tradition de l’oral en Afrique subsaharienne est toujours prégnante. Ces « contes populaires ont toujours été un vecteur important de transmission de la culture, du patrimoine et des valeurs aux générations futures, tout en invitant constamment la population à reconsidérer son utilité dans nos sociétés contemporaines », souligne l’Unesco.
En écho au développement économique
Le thème s’inscrit dans la continuité de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine : « exploiter le riche patrimoine et la culture pour faire en sorte que les arts créatifs contribuent de manière significative à la croissance et à la transformation de l’Afrique ».
Les artistes sélectionnés dans le cadre du concours bénéficieront de l’accompagnement de professionnels de l’audiovisuel et de 75 000 dollars (65 000 euros) pour donner vie à leur projet. Ils auront aussi droit une dotation de 25 000 dollars (21 000 euros).
Les courts métrages seront ensuite diffusés dans 190 pays via la plateforme de streaming. De quoi lancer des carrières et faire rayonner la culture africaine dans le monde.
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