Pour les associations aidant les migrants dans la région de Calais, l’action du préfet du Pas-de-Calais vise à établir des « no go zones » où l’action humanitaire n’aurait pas lieu d’être. Les amendes pour non-respect du confinement à destination des bénévoles se multiplient.
La rédaction / Crédit photo : l’Auberge des migrants.
Les bénévoles des associations Utopia 56 et Auberge des migrants venant en aide aux migrants à Calais reçoivent de plus en plus d’amendes. En cause ? Non-respect du confinement ou bien parce que les forces de l’ordre estiment que les motivations de déplacement ne rentrent pas dans les clous de l’attestation dérogatoire. Dix-huit amendes ont ainsi été dressées entre le 19 mars et ce 8 avril, alors que les bénévoles effectuaient des maraudes ou distribuaient du matériel et des repas à Calais et dans ses alentours.
Pour Utopia 56 et l’Auberge des Migrants, la préfecture du Pas-de-Calais ne respecte pas la ligne éditée par le président de la République Emmanuel Macron et par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.
« Alors que le chef de l’État appelle à la solidarité, qu’une instruction ministérielle a été adressée aux préfet.e.s le 27 mars 2020, indiquant que “l’état d’urgence sanitaire ne doit pas avoir pour effet de dégrader les conditions de vie des plus précaires. Les actions de lutte contre la précarité doivent pouvoir se poursuivre en matière d’accès aux droits, aux soins et aux biens de premières nécessités”, la préfecture du Pas-de-Calais a annoncé, à rebours de ces consignes, des mesures abusivement contraignantes et liberticides pour les associations qui viennent en aide aux personnes exilées et sans-abris dans le Calaisis. »
Continuer le travail de terrain
Les associations dénoncent des « restrictions strictes, à commencer par un couvre-feu, interdisant aux associations d’intervenir entre 20h et 8h30 du matin. Les associations voient également leur périmètre d’action restreint à certains lieux précis, imposés par la préfecture, Par cette mesure, le préfet cherche à établir des « no go zones » où l’action humanitaire n’aurait pas lieu d’être. »
Malgré les amendes et les restrictions, Utopia 56 et l’Auberge des Migrants comptent continuer leur travail de terrain, tout en respectant les gestes barrières. « Nous avons fait le choix de maintenir nos activités par devoir et par respect de la dignité des sans-abri qui nécessitent notre aide, plus que jamais. Nous resterons donc présents, chaque jour auprès des exilé.e.s et nous organiserons au mieux notre soutien. »
Utopia 56 et l’Auberge des Migrants demandent au ministère de l’Intérieur d’intervenir auprès du préfet du Pas-de-Calais pour faire appliquer les consignes présidentielles et ministérielles et pour faire annuler les amendes.