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Erdogan: Protecteur ou producteur de réfugiés ?


Le phénomène des déplacés est un phénomène séculaire. Il existe depuis toujours. Mais, avec le début de la guerre civile syrienne, et particulièrement avec le grand mouvement des réfugiés en 2015, nous avons commencé à utiliser l’expression “crise des réfugiés”. Qui est à reformuler, selon moi, en “crise de l’accueil”.

Finalement, quatre ans plus tard, l‘ONU s’est décidé à réagir, en organisant son premier forum international des réfugiés à Genève les 17 et 18 décembre derniers, sous la coprésidence de la Turquie, du Pakistan, de l’Ethiopie, du Costa Rica, et de l’Allemagne.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, y a été accueilli en tant que leader du pays; maison de 3,7 millions de réfugiés. Selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies, la Turquie est la nation qui accueille la plus grande population de réfugiés depuis 2014.

Quelque 323 918 personnes ont quitté la Turquie en 2018

Erdogan profite de cette situation. Rappelons-nous, quand il a conclu un accord avec l’Union européenne en 2016, n’avait-il pas argué : “Moi, je ferme les portes vers l’Europe et toi tu me payes 6 milliards d’euros.” Le dirigeant, fin connaisseur du vieux continent, a immédiatement accepté cette proposition inhumaine et populiste.

Mais, cet accord comportait un risque, et non des moindres. Comment faire confiance à un leader qui est lui-même la raison de déplacements de milliers de turcs? D’après les dernières statistiques officielles de l’Etat en 2018, 323 918 personnes ont quitté la Turquie l’an passé, soit une augmentation de 27.7 % par rapport à 2017. Et dans ce contingent qui émigre, 136 740 d’entre eux sont des citoyens turcs.

Par ailleurs, le rapport d’Eurostat portant sur le dernier trimestre de 2019, dit bien que les Turcs sont à la peu enviable 5e place des individus demandant l’asile aux pays de l’Union. En 2019, ce sont 19 205 citoyens qui ont quitté la Turquie d’Erdogan pour être réfugiés dans des pays européens.

Revenons à ma question initiale. Définitivement non, on ne peut pas faire confiance à Erdogan quant à cet accord. Lors du forum à Genève, ce dernier a encore une fois menacé l’Europe d’“ouvrir la porte”, s’il y avait pas plus d’argent. Et d’étayer son argumentaire, en proposant que le pétrole syrien soit utilisé par les pouvoirs internationaux pour construire des bâtiments et des villes pour les réfugiés en Syrie.

Aujourd’hui, plus que jamais apparaît de façon très claire, l’une des motivations de l’opération militaire d’Erdogan au nord de Syrie : le pétrole d’un pays.

Ah oui, et l’indépendance d’un peuple bien sûr.