Entraîneure de l’équipe de handball féminine d’Aubervilliers, Sylvie revient dans sa ville natale, Constantine, qu’elle a quitté petite fille, en 1962, à la fin de la guerre d’Algérie. Elle est alors submergée par ses souvenirs et ses blessures d’enfance. C’est le point de départ du seul en scène, le Hasard merveilleux, qui se joue jusqu’au 28 janvier au théâtre de la Contrescarpe à Paris. Un retour, qui est bien entendu, le prétexte à un questionnement identitaire, mais aussi à une ode à la sororité en particulier, et à la solidarité en général.
Texte : Abdallah Hassan et Sofia Belkacem / Photo : Fabienne Rappeneau
Ce texte de Jean-Christophe Dolle, Brigitte Guedj l’a découvert le 7 janvier 2015, jour de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo. Et l’a joué pour la première fois à Paris avant-hier, le 7 janvier 2020. Cinq ans exactement; et le texte du Hasard merveilleux résonnait tout particulièrement dans ce théâtre parisien de la Contrescarpe. Il est un plaidoyer pour le vivre-ensemble, pour la lutte contre toutes les sortes d’extrémismes et de fanatismes.
Le pitch ? Entraîneure de l’équipe de handball féminine d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Sylvie retourne à Constantine pour un tournoi amical. C’est ici en Algérie qu’elle est née, avant de partir petite fille à la fin de la guerre, en 1962, pour Israël, puis pour la France.
Revenue dans sa ville d’enfance, elle est submergée par un flot de souvenirs. Et se lance à la recherche d’une aïeule, perdue de vue depuis des décennies. Cette recherche, au départ involontaire, est bien sûr le prétexte à un questionnement identitaire. D’où vient-on ? Peut-on échapper à « l’appel des origines » ? Comment marier une naissance en Algérie, avec une nationalité française et une judéité ? Qu’est-ce cette recherche implique dans notre rapport à autrui ?
Autant de questions qui se déploient sur scène par l’enchevêtrement de deux temporalités : l’enfance à Constantine et le retour à l’âge adulte.. Entre gravité et humour, le récit de Brigitte Guedj nous emporte dans nos souvenirs personnels.
Si le format du seul en scène n’a pas emballé Abdallah, il a apprécié que la pièce montre combien certaines pratiques religieuses pouvaient entraver le vivre-ensemble.. « Parfois, une religion peut poser un rapport de supériorité sur les autres religions, et rapidement créé un sentiment d’hostilité. Et a contrario, elle peut aussi enfermer les femmes, quand elle explique son besoin de les surveiller. »
Et, c’est bien cette ode à la liberté qu’ont appréciée les journalistes de Guiti News. Une ode à la liberté et à la sororité qui fait du bien en ces temps de dissension.