Gaza. Une petite bande de terre de quelque 360 km2 de superficie, occupée par son voisin, Israël, depuis 1967. Depuis 2007, ce territoire enclavé est sous blocus israélo-égyptien, paralysant son développement économique. Des guerres sporadiques frappent les Palestiniens qui vivent dans la bande de Gaza : la Guerre de Gaza de 2008-2009, en été 2014 et plus récemment en 2021.
Les premiers souvenirs de guerre à Gaza
Au micro de Médecins sans Frontières (MSF), cinq jeunes témoignent de leur quotidien sous l’occupation israélienne. Dans la bande de Gaza, nous découvrons les parcours de vie d’Abdallah, Aseel, Nermin, Shams et Yasmine et ce que veut dire avoir la vingtaine. Cette génération « née dans les années 2000, grandit au rythme des bombardements » s’exprime dans « Gaza, une jeunesse occupée ». Et tous ont rencontré les équipes de MSF à la suite de blessures.
Ils racontent les bombardements, leurs blessures et leurs (dés)espoirs. Les bombardements lors des guerres de 2014 et 2021, et les pluies de balles lors de la Grande marche du retour en 2018. Les souvenirs sont pesants, lourds à porter sur leurs jeunes épaules. Ils racontent leur premier souvenir de la guerre, souvent celle de 2008, ancré en eux telle une encre indélébile. « La guerre, ça impacte aussi ton avenir. Comment ? Parce que tu vois des choses que tu n’aurais pas dû voir », raconte Abdallah, « Ça détruit complètement ton futur. Tu ne peux plus réfléchir. Tu ne penses plus qu’à la guerre ». Tandis que les « poétesses de la nation », Aseel et Nermin, veulent montrer une autre facette de Gaza : « J’ai beaucoup de followers à l’étranger [sur son compte instagram]. Quand ils me parlent de Gaza, ils pensent qu’il n’y a que l’occupation, la douleur. Ils ne connaissent pas la vie, les belles choses. Alors j’essaye d’arranger ça, et de montrer une belle image de Gaza », explique Aseel.
Entre juillet et août 2014, le conflit entre Israël et la Palestine a connu un nouvel essor. Plus de 1 500 civils palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza, dont plus de 500 enfants. Ce bilan a été le plus élevé depuis la guerre des Six Jours en juin 1967. A cela, s’ajoutent 11 000 personnes blessées et 100 000 déplacés. En 2021, des roquettes tirées par le Hamas sur Israël entraînent une réplique du voisin hébreu, tandis que plusieurs pays occidentaux, dont la France, ont appelé à la fin des hostilités.
Entre-temps, une manifestation massive dans la zone tampon entre la bande de Gaza et Israël, aussi appelée la Grande marche du retour, a eu lieu en 2018. Une marche pour remettre au cœur du débat le « droit au retour » des réfugiés palestiniens dans leurs terres d’avant 1948, date de la création d’Israël.
Rêver d’un ailleurs
Dans les yeux de cette jeunesse, on découvre leur passion, ce qui les font vibrer. On écoute, dans un monde en partie en ruine, des souvenirs poignants d’une jeunesse qui vit sous cette occupation israélienne. Le contact avec l’extérieur, s’évader d’un monde où la situation économique, contrainte par l’occupation militaire et la limitation des exportations de marchandises, ainsi que l’insécurité face à une guerre qui menace à chaque instant d’éclater, est recherché avec force. A travers les jeux vidéo, le cinéma, la poésie ou encore les études, ils s’évadent, ils résistent, ils vibrent.
Pourtant, l’espoir se transforme parfois en désespoir. L’envie de rester en vie en partant pour un ailleurs se confronte à l’envie de rester pour résister. « Tu ne peux pas réaliser tes rêves ici. Il faut partir pour ça. Ici, c’est impossible », avance Shams dans sa vidéo. A chaque guerre, les populations se déplacent, mais selon Nermin, « Nous tenons grâce à l’espoir, aux sacrifices, aux ambitions et aux rêves ». Ces espoirs sont contenus dans l’idée que la Palestine sera, un jour, libre ; et qu’une vie meilleure est possible, ici ou ailleurs : « Si vous me demandez où j’aimerais aller, je vous répondrais qu’il n’y a pas d’endroit en particulier, tout ce que je veux, c’est prendre l’avion », confesse Yasmine.
« Gaza, une jeunesse occupée » et ses quatre épisodes sont à retrouver sur la chaîne Youtube de Médecins sans Frontières.
Photo de Fady Hanona.