« Notre manière de voyager, c’est de faire rêver les autres. Si on ne peut plus prendre l’avion ou le train, il y a d’autres façons de voyager à travers des livres, des films, des expos, des maquis , de la musique, de la danse ».
Khalid Tamer est un metteur en scène et directeur artistique franco-marocain, amené à beaucoup voyager, notamment en qualité de président de la Commission internationale du théâtre francophone (CITF). Il a pour volonté de « créer un pont » entre l’Europe et l’Afrique. C’est dans ce but qu’il organise la première saison du festival Africapitales « Bamako à Paris », durant tout le mois de mars 2022, dans la capitale française.
Ecouter directement les Maliens
Au programme : défilé de mode, expositions, diffusions de films, spectacles de théâtre, de marionnettes, concerts, installations scénographiques ou encore conférences-débats. Pour faire vivre Bamako à Paris, impossible de se détacher de l’art. « Surtout quand on parle du Mali qui est un des pays d’Afrique qui concentrant le plus d’artistes », insiste-t-il.
Ce projet nait de la compagnie de théâtre Graines de Soleil, dont Tamer est le directeur. Sa volonté n’était pas seulement de mettre la lumière sur la culture malienne, mais aussi de « faire comprendre la façon de penser au Mali, au-delà de ce qu’on peut voir sur France 24, TV5 ou TF1, en écoutant directement les maliens ».
« Le voyage est la meilleure école »
C’est dans cette optique, qu’il est proposé aux visiteurs de goûter les spécialités culinaires, tout en s’imprégnant de l’ambiance d’un maquis -bar ouvert typique des pays d’Afrique de l’ouest francophone. Une prouesse scénographique réalisée par Cheik Diallo.
Architecte et designer, Cheik Diallo a vécu en France, sa terre d’accueil, durant 39 ans, avant de retourner vivre et travailler au Mali. En ce mois de mars 2022, il regagne l’Hexagone pour construire ce bar traditionnel africain en France.
« Je considère que le voyage est la meilleure école, dit-il, et on a besoin d’apprendre, de se connaitre les uns les autres ». Quitte à ne pas pouvoir traverser les frontières géographiques, autant « estomper les frontières mentales », pose Cheik Diallo.
Dans un contexte géopolitique compliqué
Particulièrement alors que la situation géopolitique se dégrade au Mali -conservation du pouvoir par le gouvernement de transition, retrait des troupes françaises-, pour Khalid Tamer, il est important d’ouvrir le débat. Si le choix du pays auquel est consacré le festival a été fait avant l’escalade de la crise malienne, pour le directeur artistique, il est important d’ouvrir le dialogue.
« J’aimerais ouvrir tout un débat sur la géopolitique malienne pour que les français soient plus au fait de ce qu’il s’y passe et comment cette situation est-elle perçue dans le pays ».
Une rencontre à Bamako en octobre
Pour participer à ce dialogue, les visiteurs sont invités à se rendre dans les six lieux partenaires de l’évènement dans Paris au cours du mois de mars.
Cette rencontre aura également lieu à Bamako en octobre, où l’organisateur entend faire connaitre la culture française, toujours dans cet esprit d’échange.
Des cultures nationales singulières
« Bamako à Paris » promet d’être la première saison d’Africapitales d’une longue série. « J’aimerais proposer un festival sur la Tunisie ou l’Afrique du Sud », continue Tamer.
Pour lui, il est important que les populations européennes comprennent qu’il n’existe a pas de culture africaine singulière. « Chaque pays est très différent, comparer le Mali à la Côte d’Ivoire serait comme comparer la France et l’Italie, s’il y a des proximités, les cultures nationales sont spécifiques », conclue-t-il. Dépaysement assuré.
La programmation et la billetterie sont disponibles sur le site du lavoir moderne parisien.
Illustration : Le Studio Photo de la Rue / Crédit : Fatoumata Diabaté