Femme et réfugiée, la double peine ? Pour lutter contre le manque de visibilité et d’opportunités dont elles sont souvent victimes, trois amis ont créé Meet my Mama. Une entreprise qui accompagne et forme des femmes migrantes, pour qu’elles s’émancipent à travers la cuisine. Guiti News a rencontré l’une de ces « Mamas », Mama Nitha.
Manon Minaca et Adam Jibril.
Sa passion pour la cuisine, Mama Nitha la découvre en exil. Originaire du Sri Lanka, elle fuit son pays en 2007 en raison du contexte politique, pour gagner la Malaisie. Là, elle apprend, se forme en pâtisserie, et convoite de créer sa propre société. Seulement, son statut de réfugié en Malaisie ne lui permet pas de le faire, ni même de travailler. Le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations Unies (HCR) envoie alors son dossier à la France, où se trouve déjà une partie de sa famille. C’est ensuite épaulée par l’association France terre d’asile, qu’elle s’installe en région parisienne et qu’elle rencontre les créateurs de Meet my Mama, en plein lancement.
Techniques de cuisine, hygiène, création et gestion d’une entreprise ou encore relations avec les clients, Mama Nitha, 37 ans, s’est formée à tous les versants du métier. Elle dit avoir pu se perfectionner et acquérir les compétences nécessaires pour être indépendante, ce qui lui a permis de vivre de son amour pour la cuisine.
« Cela m’a permis de m’intégrer dans la société et de gagner en confiance«
A ses yeux, Meet my Mama représente « sa famille« . « J’apprécie les moments de rencontre et de travail en équipe« , abonde-t-elle. Pour celle qui a toujours le sourire, cette bienveillance entre les Mamas est indispensable.
Outre son aventure entrepreneuriale, Mama Nitha se réjouit de la « sociabilité » induite par les rencontres et les amitiés développées au sein de la start-up. « Cela m’a permis de m’intégrer dans la société et de me sentir sûre de moi« . Elle semble tout voir d’un œil positif : même face aux contraintes de la restauration, qui peuvent s’avérer stressantes et intenses, elle reste heureuse de faire ce qu’elle fait. Désormais, Mama Nitha a sa propre entreprise et continue de collaborer avec Meet my Mama, comme avec d’autres sociétés.
Ses projets futurs ? Ouvrir son propre restaurant d’ici un an puis créer sa propre boulangerie-pâtisserie.
Des talents gâchés
Après avoir constaté que le talent et la passion de nombreuses femmes migrantes pour la cuisine ne leur suffisaient pas pour en vivre, Loubna Ksibi, Donia Souad Amamra et Youssef Oudahman ont eu l’idée de créer une start-up, qui les accompagnerait en revalorisant leurs compétences et en leur proposant des formations leur permettant d’être indépendantes et de s’intégrer socialement et économiquement. Pensé d’abord comme une association avant de devenir une entreprise il y a deux ans, Meet my Mama propose un service de traiteur aux entreprises assuré par les Mamas. Depuis, une centaine de Mamas a été accompagnée par la start-up.
(Re)découvrez deux de nos anciens reportages qui lient cuisine et émancipation des personnes réfugiées en France.
> L’Afghanistan en plein cœur de Paris : zoom sur le restaurant parisien Kabul Kitchen créé à l’initiative de deux réfugiés afghans
> Le Récho : créer du lien par la cuisine. Un restaurant solidaire pour favoriser l’insertion
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