C’est l’une des conséquences inattendues de l’annulation d’événements publics pour cause de Covid-19. Les festivals estivaux anglais ayant été reportés, les associations d’aide aux exilés manquent de tentes. D’ordinaire, People in Motion récupère des centaines d’entre elles délaissées par des festivaliers britanniques, pour les envoyer dans le nord de la France aux associations. Une aide précieuse, qui ne peut pas s’organiser cette année. Quid d’une débrouillardise en marche.
Texte : Léa Gorius / Photo en Une : Poppy Cleary
“Les tentes vont définitivement être le problème cette année”. Elaine Lawson est cofondatrice de l’association People in Motion (PIM). Voilà maintenant cinq ans que cette Anglaise, longtemps bénévole à Calais, a créé son association de collecte de dons pour venir en aide à des exilés en France, en Grèce et en Syrie.
Si PIM reçoit et trie des dons toute l’année, venu l’été, l’association se livre à un partenariat original pour obtenir du matériel de camping haut gamme : à la fin des festivals aux quatre coins du Royaume-Uni, elle débarrasse les organisateurs des objets laissés par les festivaliers.
Un partenariat donnant-donnant
“ Nous sommes maintenant l’une des associations caritatives partenaire du Nozstock Festival dans le Herefordshire ”, se félicite Elaine. Une aubaine pour l’association comme pour le festival de musique en tout genre, qui entend s’améliorer en recyclage et en durabilité. “C’est un partenariat donnant-donnant : on rend faveur aussi aux festivals avec qui on travaille en faisant de la récup”.
Chaque année l’association récupère ainsi l’équivalent de trois camions d’objets divers, des tentes à la nourriture, en passant par les chaises de camping. “ L’an dernier on a eu une centaine de tentes ”, se réjouit Elaine, en faisant les comptes.
Les festivals permettent à PIM de combler un réel manque de tentes dans les donations. Chaque mois, seules trois à quatre tentes sont données directement à l’association. La cofondatrice ironise : “les Anglais ne font pas beaucoup de dons d’objets, c’est bien plus facile de les récupérer en passant derrière eux après les festivals, vous devriez voir le bazar qu’ils laissent !« .
De l’impact du confinement
Mais la crise sanitaire a porté un coup à l’association. “ Pendant le confinement, nous n’avons pas pu collecter de dons ”, explique Elaine. PIM a tout de même fait un appel aux dons en avril pour assister les associations françaises qui aident les 1 500 exilés de Calais et Dunkerque.
Poppy Cleary est bénévole pour une de ces associations qui bénéficie habituellement des dons de tentes de PIM. L’association récupère les tentes, les répare, les lave et les distribue aux exilés sur les camps.
Des affaires personnelles confisquées
“ Les dons de tentes sont primordiaux pour les exilés ”, explique la jeune femme. Dans le nord de la France, les exilés sont quotidiennement soumis à des opérations de démantèlements conduites par la gendarmerie. Au cours de ces évictions, beaucoup voient leurs affaires confisquées. “Obtenir des tentes, c’est assez frustrant parce qu’on met beaucoup de temps à en obtenir et certaines ne serviront que 24 heures”, se désole Elaine Lawson.
Selon Poppy Cleary, Collective Aid a distribué une moyenne de 62 tentes par semaine depuis le début de l’année 2020. Ces évictions ont continué pendant le confinement et le besoin de tentes se fait ressentir plus que jamais pour les associations qui peinent à s’aligner sur la demande.
Face au manque de tentes, les associations calaisiennes se mobilisent et organisent une campagne de don depuis début juin et qui se poursuivra tout au long de l’été. L’objectif est de rassembler 24 000 pounds (soit environ 26 000,00 €) pour acheter 2 000 tentes.