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    «Changer : méthode» d’Edouard Louis : sauve qui peut (la métamorphose)

    Dans son premier roman (En finir avec Eddy Bellegueule - 2014), Édouard Louis voulait en découdre avec Eddy (son prénom), sa famille (Bellegueule), son village et les mécanismes de dominations et d’injustices à l’œuvre. Il revient dans ce récit sur ce parcours de transformation d’Eddy à Édouard, les combats menés et les rencontres qui l’ont portées.

    Une chronique de Laure Woestelandt/ Photo : capture d’écran France 5 – LGL


    Eddy, enfant dans son village se confronte aux violences sexistes, aux injures racistes, à la toute puissance et aux ravages de la domination masculine. Les moqueries sur son physique, ses manières, son orientation sexuelle laissent des blessures psychiques, physiques. Ce processus de destruction à un nom : l’ « Insulte » et une rage incandescente, moteur du désir de départ et de transformation.

    Son corps, celui des autres

    Se sauver pour survivre devient le mantra qui scande sa vie à la poursuite d’une place dans ce monde, d’une possibilité d’exister. Eddy quitte l’enfance, son village, l’odeur de la misère et devient Édouard à Amiens.

    Au lycée, il rencontre Elena, jeune fille de bonne famille qui va devenir son amie, son modèle. La mère d’Eléna le baptise Édouard et une transformation s’opère.

    Au contact de la famille d’Eléna et des nouveaux amis du lycée, il découvre encore un écart entre son corps et ceux des autres «  ces gens là ». Le corps d’Eddy se confronte aux gestes de la bourgeoisie. Il imite les nouvelles manières, emprunte une nouvelle voix, sans accent, un nouveau rire pour se fondre dans le personnage d’Edouard, épouse les contours de sa nouvelle vie culturelle.

    Survivance des stigmates de classe

    Édouard devient vite très bon élève et ses ambitions grandissent. Exit Amiens, bonjour Paris dont la bourgeoisie intellectuelle et l’aristocratie rendent caduques ses nouvelles manières à peine acquises. Dans les couloirs de Normal Sup son corps ne se mélange pas avec les autres.

    Son aisance intellectuelle ne lui pas évite pas de se cogner. Il se frotte encore aux différences et injustices de classe. Rien ne va de soi. Il faut réapprendre, recommencer, répéter encore : voix, gestes, odeurs.

    Combattre sans cesse avec ce corps à modeler au gré des rencontres de nouveaux mondes, de nouvelles classes sociales.

    Après la rage et la colère, la nostalgie et la mélancolie

    Chaque rencontre amorce une transformation et la fuite d’après. Les premières marraines l’initient au théâtre et à la littérature, simples prétextes au changement et à la libération.

    Le jeune Eddy cherche « n’importe quelle issue pour s’enfuir ». Initiation qui se poursuit avec la rencontre de Didier Eribon, nouveau maître et modèle qui écoute, guide, conseille. Cette trajectoire de la fuite absolue, où se côtoient la fascination et le dégoût pour ces gens qu’il copie sans pouvoir ni vouloir totalement leur ressembler, aboutit à une métamorphose perpétuelle.

    A une méthode se substituent ici une éthique et une esthétique de la réinvention.

    Ivre de transformations, Édouard n’en finit pas avec Eddy. Après la rage et la colère, il reste la nostalgie et la mélancolie… Eddy se réinvente toujours pour la fiction d’Edouard.

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