Guiti News

Désinformation du RN: les chercheurs de Désinfox-Migrations contre-attaquent

Affirmation fausse n° 1 : Le mythe de la submersion migratoire

C’est une idée qui revient souvent dans les programmes des candidats de la droite et de l’extrême-droite. Une obsession même. Cette affirmation est fausse. La submersion migratoire est un mythe et l’affirmation de Jordan Bardella, du Rassemblement National est fausse.

Les chercheurs de l’association Désinfox-Migrations rappellent dans leur fiche analytique, accessible à tous qu’environ 300 000 personnes sont arrivées en situation irrégulière sur le territoire européen en 2023 sur 448 millions de citoyens que compte l’UE, soit 0,07% de la population. Une proportion infime utile pour une mise en perspective. Bardella a également déclaré que « les français ont l’impression d’être des étrangers dans leur propre quartier ». Une impression non fondée. Il n’y a que 7% étrangers dans toute la France (non-français), même si la concentration d’étrangers est plus importante dans certains territoires et quartiers. 

De son côté, Marion Maréchal a déclaré que « L’UE doit avoir un rôle dans la protection physique de nos frontières, il n’y a jamais eu autant d’immigration illégale aux portes de l’Europe. Il y a l’année dernière plus d’immigrants qui sont entrés en Europe légaux et illégaux que d’enfants nés sur le sol européen. J’y vois le changement civilisationnel du grand remplacement. »  Pour Désinfox-Migrations, « c’est très partiel : En 2022, il y a eu plus d’entrées sur le territoire de l’UE, mais il faut aussi prendre en compte les sorties (notion de solde migratoire). il y a aussi un accroissement naturel négatif (plus de morts que de naissances). Or le nombre d’arrivées sur le sol européen ne compense pas ce “déficit” de naissances.»

Il s’agit aussi de différencier les termes : réfugiés, demandeurs d’asile, personnes migrantes… De qui parle-t-on ? L’un des ressorts des droites extrêmes consiste à faire un imbroglio de ces notions, pour aboutir à l’idée que la majorité des personnes arrivant en Europe n’auraient pas le droit à une protection, et formerait une masse “invasive”.

Cultiver l’idée que les déplacés sont des envahisseurs permet de « faire oublier que ces personnes relèvent des conventions de Genève, du droit international et du droit d’asile » comme l’indiquait Damien Simonneau, maître de conférences en science politique et spécialiste des politiques frontalières européennes dans nos colonnes en 2023. Des textes… dont tous les pays de l’UE sont pourtant signataires. 

Pour aller plus loin, nous relayons la fiche détaillée ci-dessous sur le mythe de la submersion migratoire. Elle a été élaborée par Désinfox-Migrations. Pour aller plus loin sur cette thématique, il est possible de consulter les travaux de plusieurs chercheurs : François Héran, Professeur au Collège de France, Chaire « Migrations et sociétés », Cris Beauchemin, Directeur de recherche à l’iNED et Jean-Christophe Dumont, chef de la division migration à l’OCDE.

Affirmation fausse n°2: L’attractivité des prestations sociales

L’Aide Médicale d’Etat est une assurance publique gratuite destinée aux personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de 3 mois. C’est la seule prestation sociale pour les personnes en situation irrégulière, hors dispositifs d’urgence. Ce type de prestation serait, d’après l’extrême droite un motif d’attractivité pour les candidats à l’installation en France. Pourtant, ces prestations sociales ne sont pas un facteur clef dans les déterminants de la migrations. Désinfox-Migrations explique que « si les étrangers sont davantage exposés à la pauvreté que les natifs, on n’observe pourtant pas de “surconsommation” des prestations sociales. » Avant d’ajouter que « si le modèle français était particulièrement attractif, au sein de l’UE, on observerait plus d’entrées sur le sol français que d’autres pays, ce qui n’est pas le cas.

Pour Désinfox-Migration, cette affirmation est non seulement fausse mais aussi dangereuse et illégale. « Exclure les personnes des soins entraîne en réalité un coût plus important : lorsqu’elles font finalement appel à des structures pour les précaires, leur état de santé est davantage dégradé et plus difficile à soigner. »

Par ailleurs,la Constitution impose l’égalité entre personnes françaises et étrangères, être étranger ne peut pas être un critère de différenciation, il faut une raison objective → Les allocations contributives (ex. allocations familiales) sont versées en contrepartie d’une cotisation du bénéficiaire alors que les allocations non contributives, de solidarité peuvent différencier mais pas sur la nationalité (éléments objectifs type résidence)

La question du poids de l’immigration sur les finances publiques intervient de manière cyclique dans le débat public. Elle mérite d’être creusée. Vous trouverez dans la troisième fiche disponible ci-dessous de nombreux éléments d’analyse.

Affirmation fausse n°3 : L’immigration menace les finances publiques

Troisième affirmation propagée par l’extrême droite et Jordan Bardella en tête : « L’immigration menacerait les financent publiques. » En substance, les immigrés peuvent être perçus comme une menace pour les finances publiques du fait des prestations sociales qu’ils reçoivent. C’est faux. Désinfox-Migrations précise que Les comptes publics ne sont pas menacés. Les dépenses liées à l’accueil, l’asile et l’intégration représentaient 1,2 milliards d’euros en 2023. Pour l’aide médicale d’Etat, l’AME, elle correspondait à 1,141 milliards d’euros (0,48% des dépenses de soin en France), auquel il est possible d’ajouter 1,8 milliards d’euros engagés pour lutter contre l’immigration irrégulière. 

Ces chiffres cumulés représentent 1,65% du budget 2023, sans évoquer les bénéfices. En effet, les personnes immigrées contribuent aussi, par les imports, taxes et cotisations qu’ils versent.

Pour aller plus loin sur cette thématique, voici la fiche de décryptage de Désinfox-Migrations. Pour aller plus loin sur cette thématique, vous y trouverez plusieurs références de chercheurs dont il est possible de consulter les travaux comme Chloé Tisserand, Chercheuse, Institut Convergences Migrations ou encore Jérôme Valette, de l’Université Paris 1.

Témoin d’une fake news ?

La manipulation des faits liés à la migration représente un enjeu majeur pour la démocratie. Un propos, un chiffre vous interroge ? Rapportez-le-nous afin que nous puissions vous répondre, grâce à un partenariat avec Désinfox-Migrations.

Pour aller plus loin, la fiche de décryptage des fausses affirmations est disponible sur le site de Désinfox-Migrations.