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  • C'est leur histoire

    Délit de faciès : «La police me rappelle que je suis noir»

    Abdallah, 28 ans, est Tchadien et reconnu réfugié politique depuis deux ans. Son arrivée en France est marquée par la surprise, et une découverte dont il se serait bien passé : le délit de faciès. Régulièrement, dans la rue, il est contrôlé par les forces de l'ordre. En plus du sentiment d'injustice, il observe que cette relation avec la police le pousse à se penser comme noir. Alors que cela n'avait jamais été une question pour lui avant.

    Je m’appelle Abdallah, je suis Tchadien et reconnu réfugié politique depuis septembre 2017. Depuis mon arrivée en France en 2015, j’ai été plusieurs fois contrôlé, puis fouillé par la police, alors que je n’avais rien fait de mal. Je me suis souvent interrogé sur le pourquoi de ces fréquences. Est-ce à cause de ma couleur de peau ? Est-ce parce que je suis étranger ? A chaque fois que je dois subir ces fouilles, ça m’énerve. Ça me révolte, parce que je suis innocent.

    Ce rapport avec la police en France est, pour moi, une surprise. Je ne pensais pas que la couleur de peau posait des problèmes. A mes yeux, la France représentait bien sûr le pays des droits de l’homme, mais surtout une nation multiculturelle, où la couleur de la peau n’avait pas d’importance. Ce racisme m’a d’abord étonné. Que la France avec tout ce qu’elle représente puisse être raciste, ça m’énerve plus que si c’était un autre pays.

    Je ne me définis pas par ma couleur de peau, je ne l’ai jamais fait ; c’est la police qui me rappelle que je suis noir. Moi, cela ne m’importe pas..

    C’a n’a jamais été une question pour moi. Je me vois comme les autres. Mais, quand je me promène dans les rues avec mes amis blancs, eux, ne se font jamais contrôler. Si la police veut contrôler, elle devrait contrôler tout le monde.

    La violence des mots

    Si j’ai été contrôlé à plusieurs reprises depuis mon arrivée en France, il y a un épisode qui m’a particulièrement marqué, tant par sa violence au niveau des actes, que par celle de ses mots. C’était il y a un an, durant un après-midi d’hiver, dans le 18e arrondissement de Paris. Nous nous promenions avec deux amis, également tchadiens. Je me suis arrêté dans un restaurant pour utiliser leurs toilettes. Quand je suis sorti, quatre policiers étaient en train de fouiller mes amis. Ils m’ont demandé si je les connaissais. J’ai répondu que oui. Puis, un policier m’a intimé de me fouiller. J’ai accepté. il m’a fouillé légèrement et rapidement. Je lui ai montré mon titre de séjour. Il n’a rien trouvé et m’a demandé de me tenir éloigné d’eux.

    Là, je décide de prendre mon téléphone pour les filmer. Ensuite, les policiers relâchent mes amis. Et nous commençons à marcher tous les trois. Puis, deux à trois minutes plus tard, ils nous rejoignent en voiture pour nous demander si nous avons pris des photos. J’acquiesce. L’un des policiers me demande pourquoi.

    « Vous nous avez fouillé, alors que nous n’avions rien fait » , dis-je.

    .« Tu n’as pas droit de nous filmer, parce que tu es étranger », rétorque le policier.

    Et de poursuivre :.

    «Il faut respecter les policiers, car ils ont le droit de fouiller tout le monde ».

    Puis, il me demandé d’où je viens. Je réponds, du Tchad.

    « Il n’y a pas de contrôles au Tchad ? », demande-t-il.

    « Si il y en a. Mais, ce n’est pas un contrôle basé sur la couleur de peau. Là-bas ; ils contrôlent les malfaiteurs ! »

    Là, le policier s’énerve. Les autres policiers sont avec mes deux amis.

    « Des gens comme vous »

    J’ai bien senti que ce que je venais de lui dire ne lui plaisait pas. Il m’ordonne alors d’effacer les vidéos, avant de m’attraper par la gorge, pendant 40 secondes.

    « A cause de gens comme vous, on perd des policiers chaque année dans des attaques terroristes », lance-t-il.

    « Il ne faut pas dire « comme vous ». Ça ne veut rien dire ! Ce n’est pas des gens comme moi qui ont tué des policiers … Si vous ne me laissez pas partir, je ne supprime pas les photos ».

    Ils décident de nous laisser partir. Avant cela, la policière me dit qu’ils voulaient que j’efface la photo parce que « les gens prennent des photos des policiers, pour ensuite les retrouver et les attaquer » . Avec mes deux amis, nous nous éloignons, sonnés, discutons de ce qui vient de se produire. De la façon dont les choses se répètent. Las, nous nous sommes répétés que ce n’était pas normal, que c’était injuste.

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