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    [Parti pris] Saint Brévin : victoire brune et responsabilité médiatique  

    Les pourvoyeurs de haine ont remporté une bataille. Face aux menaces et au harcèlement, Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins a préféré claquer la porte. Depuis le projet d’ouverture d’un Cada dans la commune, il était devenu la cible de groupes identitaires qui sont allés jusqu’à incendier sa maison. Cet événement nous invite à réfléchir au rôle des médias dans la lutte contre les discours et les actes de haine.

    Yannick Morez, maire de Saint-Brévin-les-Pins, a démissionné après des mois de menaces et d’intimidations de la part de groupes d'extrême-droite. © Google street view

    « Indignation », « consternation », « choc »… Les adjectifs pleuvent pour qualifier la démission de Yannick Morez (sans étiquette), maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) après l’incendie criminel de son domicile. La preuve d’une « montée de l’extrémisme dans notre pays », a pointé la Première ministre Elisabeth Borne, semblant découvrir l’ampleur du problème. Comme pour le dérèglement climatique que personne n’aurait pu prédire, sans peut-être les multiples rapports du Giec au fil des années…

    Beyssenac (19), Callac (22), Saint-Brevin (44)… ont comme point commun d’avoir été pris pour cible par des groupes radicaux et des membres de l’extrême-droite ces derniers mois. Une ire brune provoquée par des projets d’ouverture de centres d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) ou plus largement par un accueil de personnes réfugiées.

    Une pression insupportable

    Les méthodes de dissuasion suivent un schéma précis : intimidations, menaces, harcèlement, campagnes xénophobes. À Saint-Brévin (14 500 habitants), l’horreur et la violence ont atteint leur point de non-retour. Le 22 mars dernier, vers 5 heures du matin, les deux véhicules de l’édile ont été incendiés. Le feu s’est propagé jusqu’à la façade de sa maison familiale. Le maire n’a bénéficié d’aucune protection après ces événements. Autre fait alarmant le 29 avril, s’est tenu un rassemblement de l’extrême-droite, en présence de membres de groupes néonazis, pour s’opposer au projet de Cada. Hier, las et inquiet, l’élu a définitivement claqué la porte de la mairie.

    Mais comment en sommes-nous arrivés là ? À qui incombe cet échec ? Un édile qui démissionne, car terrifié pour sa sécurité et celle de ses proches, constitue bien un échec démocratique. Le silence embarrassé de l’exécutif des mois durant quant aux pressions insupportables que font peser ces groupes restera, lui, dans les annales. Mais, quid de la responsabilité médiatique dans la lutte contre les discours de haine ?

    Et les médias dans tout ça

    On insistera jamais assez. Les médias sont prescripteurs : ils façonnent notre représentation du monde et notre relation à l’autre. Or, la façon dont l’immigration est évoquée par certains médias laisse franchement à désirer. Étrangers, migrants, clandestins, sans-papiers… Subsiste une confusion des terminologies pour parler des personnes en exil, et qui participe à leur déshumanisation.

    Subsiste encore une complaisance étourdissante de la part de certains éditorialistes sur les discours de haine, dispensés par des pompiers pyromanes, à une heure de grande écoute. 

    Pourtant, tout n’est pas perdu. Nous avons bel et bien des outils pour lutter contre les discours de haine et leurs conséquences néfastes sur le quotidien des personnes racisées . L’éducation aux médias et l’éducation populaire constituent l’une des solutions.

    La rencontre de professionnels de l’information, la promotion d’un récit rationnel et apaisé, le débunkage méticuleux de clichés et d’infox… font toute la différence.

    Et, pour citer une phrase que l’on affectionne dans la rédaction « la pensée commence là où s’arrête la peur ».

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