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Net recul de la tolérance et libération de la parole raciste et antisémite

Premier constat du 34ème rapport annuel de la CNCDH, un recul global de la tolérance qui concerne toutes les minorités. L’indice de tolérance est passé de 65 à 62 sur 100 (100 étant l’indice maximal de tolérance). Pour le président de la CNCDH, Jean-Marie Burguburu, « il n’y a pas forcément plus de racistes mais une parole libérée. »

Depuis le 7 octobre, « un nombre d’actes antisémites exceptionnellement élevé »

Selon les conclusions du rapport, « la tolérance recule à l’égard de toutes les minorités, mais la plus forte baisse concerne les Juifs (68 sur 100, contre 72 sur 100 l’année précédente). La hiérarchie de l’acceptation perdure dans le temps : les groupes les mieux acceptés étant les Noirs et les Juifs, suivis des Maghrébins, puis des Musulmans. Et les groupes les plus rejetés et stigmatisés sont les Roms et les Gens du voyage. » 

Parallèlement l’année 2023 est marquée par une très forte augmentation des actes racistes (+ 32 % – chiffres du SSMSI), avec en particulier une explosion des actes antisémites (+ 284% – chiffres de la DNRT, Direction nationale du renseignement territorial. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution très préoccupante, au-delà des réactions à l’attaque terroriste du 7 octobre et aux opérations militaires d’Israël : la polarisation des débats relatifs au projet de loi Asile et Immigration, les émeutes qui ont suivi la mort de Nahel tué par un tir policier, l’attentat djihadiste contre le professeur Dominique Bernard à Arras, les violences qui ont suivi la mort de Thomas à Crépol.

Seuls 4% de victimes portent plainte

Autre donnée éloquente à prendre en considération, seules 4% des victimes portent plainte. Et sur ce faible nombre d’affaires à caractère raciste dénoncé par les victimes, en 2022, 55% sont classées sans suite. Le nombre d’affaires à caractère raciste orientées par le parquet a reculé de 17%.

Globalement, beaucoup de faits ne sont pas révélés, pas connu car beaucoup de personnes ne se plaignent pas. Elles ont des difficultés à porter plainte et lorsqu’ils le font, ils ont du mal à obtenir une condamnation. 

Une mobilisation trop faible du gouvernement

La CNCDH épingle aussi un désengagement « très inquiétant de l’Etat malgré l’annonce du plan national 2023-2026 de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine. Lancé par Elisabeth Borne, la CNCDH annonce qu’il n’a pas donné grand chose. « Malgré l »espoir, la mécanique n’a pas suivi » indique Jean-Marie Burguburu au micro de France Inter. Ajoutant « que la prise de conscience politique n’est pas assez forte et qu’elle nuit à notre pays. »

Le rapport dénonce un « attentisme incompréhensible de l’Etat alors que le nombre d’actes antisémites connait une hausse inégale. »

Avant d’ajouter que « ce désengagement se manifeste encore dans l’attitude du Gouvernement qui, de manière inédite depuis 34 ans, ne s’est pas conformé à la prescription de la loi de 1990 qui prévoit la remise officielle au Premier ministre du rapport annuel de la CNCDH.

Pour la seconde fois, la CNCDH sort de sa réserve concernant des élections. Sur France Inter le 27 juin dernier, le Président a déclaré que le bureau avait jugé nécessaire de lancer un appel en 2002 avec Le Pen au second tour parce qu’aujourd’hui, à l’occasion des législatives, le programme du Rassemblement national foule au pied les droits fondamentaux.