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Pays Basque : Une route migratoire meurtrière


Le drame s’est produit à 500 mètres de la gare ferroviaire de Saint-Jean-de-Luz, sur la commune de Ciboure (département des Pyrénées-Atlantiques). À l’aube (cinq heures du matin), ce mardi 12 octobre, quatre hommes ont été percutés par un train.

Trois d’entre eux sont morts sur le coup et le quatrième est grièvement blessé aux jambes. Son pronostic vital n’est plus engagé.

Un chemin souvent emprunté

« J’ai pleuré toute la matinée », nous raconte Line Targe, présidente de l’association d’aide aux migrants Elkartasuna Larrun (« Solidarité Larrun » en basque).

Dans la région du sommet de la Rhune, au Pays basque, les populations locales s’émeuvent de l’incident. « On a un tel sentiment de révolte et d’impuissance », explique Line Targe.

Sans doute arrêtés pour se reposer, les quatre hommes ont été surpris par le passage du premier train de la journée. Ils parcouraient alors une route connue des autorités et associations locales.

La voie de chemin de fer où ils ont été retrouvés relie les villes d’Hendaye et de Saint-Jean-de-Luz. Soit un passage très emprunté par les personnes en exil venant de traverser la frontière espagnole à Irun et tentant de rejoindre Bayonne depuis la gare de Saint-Jean-de-Luz.

Carte des routes empruntées par les personnes migrantes entre Irun et Bayonne

 

« On a vu la demande d’aide s’accroître à partir de 2018 »

Dans la région, l’arrivée des personnes exilées est assez nouvelle. Pour Line Targe, cela remonte à 2018 : « On a vu alors la demande d’aide s’accroître », explique-t-elle. Tandis que la frontière franco-italienne se ferme, se crée ainsi cette nouvelle route migratoire au Pays basque.

Depuis le début de l’année, six morts ont déjà été recensés. « Une personne désespérée s’est pendue en Espagne, après avoir tenté plusieurs fois de se rendre en France, se souvient Line Targe. Deux corps ont aussi été retrouvés dans le fleuve côtier Bidassoa, qui longe la frontière ».

Des conditions de traversée éprouvantes

En 2020, avec la fermeture des frontières, les conditions de traversée deviennent plus périlleuses encore. Les contrôles des forces de l’ordre se durcissent d’autant plus avance la présidente d’Elkartasuna Larrun.

« Avant, il y avait des policiers, mais c’était une sorte de jeu du chat et de la souris. C’était supportable, raconte-t-elle. Maintenant, ils sont partout ».

L’importante présence des forces de l’ordre a bien pour dessein de dissuader les traversées illégales de la frontière. Une solution inefficace pour la responsable associative : « Quand on sait ce par quoi ils sont passés, l’on comprend qu’ils ne vont pas s’arrêter là…»

Au lieu de rebrousser chemin, beaucoup s’engagent sur des routes plus dangereuses. À la nage ou sur les rails, « certains tentent quatre, cinq, voire six fois la traversée, ils ne s’arrêtent pas tant qu’ils n’ont pas réussi », insiste Line Targe.

Selon les chiffres relevés par France 3 Nouvelle aquitaine auprès des associations locales, ils seraient plus de 25 000 à avoir transité par Bayonne depuis 2018.

En mémoire des trois personnes disparues, un rassemblement s’est tenu le 13 octobre à la gare de Saint-Jean-de-Luz, afin de continuer à « alerter, protester, s’indigner ».